Conte sur la différence
Mélodie Merle naît le 11 mai, à 11 h 11, ce qui est un bon présage, comme le savent les enfants. Au lieu de plumes, l’oiselle est vite couverte… de feuilles. « Originalement, cette histoire était pour ma fille Anaïs », dit Yanick Villedieu, joint chez lui à Saint-Antoine-de-Tilly. Quel âge a-t-elle aujourd’hui ? « Elle a 42 ans, répond en riant le journaliste scientifique. J’avais commencé, puis j’ai abandonné, puis recommencé… »
Sa retraite de Radio-Canada, où Yanick Villedieu a animé Les années lumière jusqu’en 2017, lui a permis de se remettre au travail. « Ça m’a amusé de faire un conte philosophique, sur la différence d’abord, indique-t-il. Mélodie n’est vraiment pas comme les autres. Ça m’a aussi permis de mettre quelques réflexions, notamment sur la mort. » Jaune, un attachant chat âgé souffrant de sénilité, meurt en cours de récit.
Observer les oiseaux
L’oiseau rare donne envie d’admirer les oiseaux – des fiches présentent d’ailleurs 24 espèces à identifier au Québec, à la fin du roman. « Observer les oiseaux, c’est vraiment un cadeau permanent, estime Yanick Villedieu. Ça permet de s’intéresser à ce qu’il y a autour de nous et, en particulier, aux sciences naturelles. »
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ILLUSTRATION FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Extrait de L’oiseau rare
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ILLUSTRATION FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Extrait de L’oiseau rare
Son roman « est pour les 8 à 88 ans », blague Yanick Villedieu, en paraphrasant le Journal Tintin. Si les enfants s’attardent à l’oiseau Mélodie et à son amie la fillette Ana, les adultes noteront les nombreux clins d’œil (autant à Jean de La Fontaine qu’à Rachel Carson, autrice de Printemps silencieux, un livre fondateur du mouvement écologiste). Il y a même RDO, la Radio des Oiseaux, qui diffuse l’incroyable histoire de l’oiseau à feuilles…
Doux et vaporeux
C’est Sabrina Gendron qui a donné vie aux personnages, animaux comme humains. « J’ai fait des dessins au pastel sec et au crayon de bois, explique-t-elle. J’utilise souvent ces médiums, c’est texturé, doux et un peu vaporeux. J’aime l’ambiance que ça donne. »
Bien sûr, l’illustratrice s’est renseignée sur les espèces d’oiseaux. « Même s’ils sont stylisés dans les illustrations, c’était important d’être fidèle à l’espèce, fait-elle valoir. J’ai même trouvé des références pour le personnage de Mélodie, l’oiseau à feuilles, car elle devait tout de même avoir les proportions d’un merle d’Amérique. »

PHOTO FOURNIE PAR SABRINA GENDRON
Sabrina Gendron
Ordre du Canada
L’oiseau rare « a été un des premiers plaisirs de [la retraite » de Yanick Villedieu. Le journaliste planche maintenant sur une histoire du sida, beaucoup plus compliquée à écrire – de quoi y laisser des plumes…
En décembre, Yanick Villedieu a été nommé au sein de l’Ordre du Canada, « pour son illustre carrière de journaliste scientifique et son talent de vulgarisateur, ayant permis de démystifier la science pour des générations de Canadiens », selon le site du gouverneur général. « J’étais tout à fait étonné, assure Yanick Villedieu. C’est sympathique. »
La remise officielle à Rideau Hall n’a pas encore eu lieu – il faut dire que la pandémie et la démission de la gouverneure générale Julie Payette compliquent les célébrations. « J’aurais eu la bise de Julie Payette, relève Yanick Villedieu, mais manifestement, elle ne fait plus de bises… »

PHOTO FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
L'oiseau rare, texte de Yanick Villedieu, illustrations de Sabrina Gendron, éditions MultiMondes, dès 8 ans.