« On a cessé d’appartenir à l’espèce humaine à l’instant où nous avons chargé les armes de parler pour nous. Nous sommes des assassins, la lie de l’humanité. Nous entre-tuer est le plus grand service que nous puissions rendre à la société. »

Informaticien pour l’un des groupes criminels de Ciudad Juárez, Nonito décrit bien l’ambiance du dernier roman de Yasmina Khadra, Pour l’amour d’Elena. L’écrivain franco-algérien est parti d’un fait divers mexicain pour relater une histoire d’amour brisée par la violence que Diego, personnage principal, tente de reconstruire en essayant de retrouver celle qu’il aimait.

Mais récupérer Elena, qui a fui son village pour Ciudad Juárez, la ville la plus meurtrière du monde, sera tout un défi pour le jeune intellectuel. Avec son cousin Ramirez, Diego doit plonger dans les marais nauséabonds de la guerre des cartels qui sévit à la frontière entre le Mexique et le Texas. Dans cet enfer, c’est la roulette russe tous les jours. Les deux montagnards vont l’apprendre à leurs dépens. À Ciudad Juárez, « même le bon Dieu a un hameçon piégé au bout de la perche qu’il te tend ».

Le roman est très bien construit, comme toujours avec Yasmina Khadra. On s’attend à un nouveau drame horrible en tournant chaque page. La situation inhumaine de la ville est bien rendue. On sent que l’auteur a fait des recherches exhaustives sur le sujet. Mais la narration manque d’odeurs locales. D’ambiance mexicaine typique, de marchés animés et de fiestas malgré la peur. De soleil qui tape, de poussière, de résistance des femmes. Le sang, les règlements de comptes quotidiens, l’enfer de la drogue et de la prostitution sont bien décrits, mais le décor manque un peu de couleur.

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Pour l’amour d’Elena de Yasmina Khadra

Pour l’amour d’Elena
Yasmina Khadra
Mialet Barrault
338 pages
★★★