Le prolifique John Grisham revient avec une nouvelle saga judiciaire, Les oubliés. Ces personnes auxquelles le titre fait référence, ce sont des hommes incarcérés à perpétuité ou qui survivent dans les couloirs de la mort dans l’indifférence la plus totale.

Ceux à qui pense tout particulièrement le romancier, ce sont les innocents, surtout des Noirs, victimes d’un système judiciaire dont l’impartialité s’arrête parfois à la couleur de leur peau. Quincy Miller, par exemple, condamné pour un meurtre qu’il jure ne pas avoir commis.

Les oubliés, c’est un peu David contre Goliath, canevas récurrent chez l’auteur de The Pelican Brief. Cullen Post, pasteur et avocat, se démène pour libérer des innocents. Ses collègues de l’organisation les Anges Gardiens découvrent que Miller a été condamné grâce à un tissu de mensonges et de preuves falsifiées orchestré par un shérif corrompu. Et ils saisissent vite que, même si l’affaire date de plus de deux ans, les vrais commanditaires du meurtre demeurent prêts à tout pour que la vérité n’éclate pas.

Grisham met plus du tiers du roman à placer ses pions. C’est un peu long. Une fois que sa machination commence à se dévoiler, le récit met en lumière les mécaniques poussiéreuses et pourtant bien huilées d’un système révoltant. Une machine teintée par l’électoralisme et l’appât du gain, dont les défaillances résonnent encore plus fort en cette époque marquée par les débats sur le racisme systémique et les violences policières aux États-Unis.

Les oubliés est un bon exposé sur les coulisses de la justice, mais pas un grand thriller. Son style direct, sans profondeur, semble télégraphié pour appeler une adaptation au cinéma, comme c’est arrivé à bien d’autres romans du même auteur. Un bon réalisateur mettra peut-être dans un film la tension qui manque ici.

IMAGE FOURNIE PAR JC LATTÈS

Les oubliés, de John Grisham

Les oubliés
John Grisham
JC Lattès
412 pages
★★★