Derrière les artistes, intellectuels, politiciens et autres gens de renom ayant marqué la Révolution tranquille se trouve, dans un deuxième cercle, une large cohorte d’individus qui ont apporté leur juste contribution pour l’affirmation nationale.

Réal Benoit est de ceux-là, et il est tout à l’honneur de l’autrice de mettre sa vie en lumière. Ce touche-à-tout aimait le cinéma, la littérature, la peinture, qu’il a fait connaître. À cela s’ajoutent ses propres créations tels le film Artistes primitifs d’Haïti (coréalisé avec André de Tonnancour) et l’ouvrage Quelqu’un pour m’écouter (Grand Prix du livre de Montréal 1965). M. Benoit a donc contribué à la diffusion de la culture au Québec. De là à affirmer, comme en quatrième de couverture, qu’il a été « chef de file de l’avènement de la modernité culturelle au Québec », cela nous paraît néanmoins exagéré.

D’ailleurs, l’autrice dynamite elle-même cette affirmation en rappelant avec franchise plusieurs échecs, dont celui de sa maison de production. Ce qui nous déçoit le plus est le sous-usage des sources à sa disposition. Mme Desjardins indique avoir mené des interviews avec quelque 70 personnes. Or, c’est à peine si on en trouve la trace. D’ailleurs, des 508 (!) notes en fin de volume, la grande majorité puisent à même les écrits de M. Benoit. Ce n’est pas l’idéal pour développer un argumentaire.

Réal Benoit – 1916-1972 l’avant-garde
Marie Desjardins
Éditions du CRAM
338 pages
★★½