Voici un roman dystopique de Louise Erdrich plutôt surprenant et réussi. L’action se déroule chez nos voisins du Sud, dans un futur assez proche. Le pays vient de déclarer l’état d’urgence à cause… d’un virus !

Le tableau (de ce livre sorti en 2017 aux États-Unis) est toutefois beaucoup plus sombre qu’il ne l’est actuellement. Cedar Hawk Songmaker, jeune ojibwée adoptée par des Blancs du Minnesota, est enceinte quand le gouvernement américain décide de contrôler les naissances à cause du mystérieux virus qui cause des malformations génétiques.

Des animaux aux formes monstrueuses apparaissent. L’évolution des espèces semble régresser. Des scientifiques déclarent à la télévision : « Nous ne savons pas. Soyez patients. La science ne détient pas de réponses instantanées. La vérité prend du temps. »

Les futures mamans doivent se rapporter au gouvernement. Les délations se multiplient. Des femmes disparaissent sans laisser de traces. On retrouve l’atmosphère glauque de La servante écarlate, de Margaret Atwood. Le gouvernement contrôle la télévision. Les gens paniquent, sortent leur argent des banques, stockent des aliments, des cartouches de fusil et de l’alcool en cas de « fin du monde ».

Cedar (Mary Potts, de son nom autochtone) trouve du réconfort en écrivant à son enfant qui doit naître dans quelques mois. Elle use de sa plume pour philosopher, réfléchir à sa grossesse, à son identité. Pour tenir le coup aussi. Elle veut annoncer la bonne nouvelle à ses parents biologiques qu’elle ne connaît pas et qui vivent dans une réserve.

Pourra-t-elle accoucher ? Conserver son enfant ? Le livre nous tient en haleine tout en abordant des thèmes actuels. Les changements climatiques (l’hiver disparaît). La condition des Autochtones. Les dangers d’une dictature, un écho à l’actualité récente des États-Unis et, en même temps, un avertissement que le virus le plus dangereux est peut-être l’homme lui-même.

Seul petit bémol pour L’enfant de la prochaine aurore, la traduction faite en France, avec des expressions qu’on n’utilise plus chez nous, comme « les Indiens »…

IMAGE FOURNIE PAR ALBIN MICHEL

L’enfant de la prochaine aurore, de Louise Erdrich

L’enfant de la prochaine aurore
Louise Erdrich
Traduction de Isabelle Reinharez
Albin Michel
418 pages
★★★★