Le prolifique Jean-François Beauchemin, auteur d’une vingtaine d’œuvres publiées ces deux dernières décennies, revient avec un récit intimiste centré sur deux frères à l’automne de leur vie.

Le plus jeune des deux a 58 ans et est atteint de schizophrénie. C’est lui, le roitelet du titre, petit nom que son aîné écrivain lui a donné parce qu’il lui faisait penser à l’oiseau fragile du même nom et à un être qui ne gouverne rien, à peine son propre esprit.

L’essentiel du roman est le récit, sur le ton du carnet intime, de cette relation fraternelle empreinte de crises de paranoïa, de silences, de remarques d’une vive lucidité et d’une grande tendresse. Le narrateur est le seul être vivant, avec sa femme, Livia, et peut-être leur chien, Pablo, qui a le pouvoir de faire du bien au malade. Le chat Lennon, lui, reste un chat : indépendant et donc en marge du récit.

De sa plume délicate, Jean-François Beauchemin décrit une vie de campagne simple, pleine de questions existentielles, mais tout de même terre à terre. Il sonde les âmes, la sienne notamment, dans une langue qui donne souvent l’impression d’être plus occupée se faire belle qu’à sonner vrai.

Ce décalage donne au récit un caractère plaqué. Il met de la distance entre les réflexions qui habitent le narrateur et la résonance que l’écrivain cherche à lui donner. Cette manière contemplative séduira sans doute les lecteurs qui apprécient la littérature se trouvant à la frontière de la spiritualité et de la philosophie. Ce court roman restera aux yeux des autres un récit ponctué de trouvailles, mais trop calculé pour toucher.