Voix plurielles, écritures désinhibées, exploration des formes, thématiques brûlantes d’actualité… Les nouveautés à paraître en littérature québécoise nous amènent à la rencontre d’une pléthore d’univers distincts. Voici 10 sorties qui se démarquent.

Les carnets de l’underground, de Gabriel Cholette

PHOTO FOURNIE PAR ÉDITIONS TRIPTYQUE

Les carnets de l’underground, de Gabriel Cholette

Une des premières sorties de l’année 2021 nous gagne immédiatement avec ses histoires levant le voile sur la vie des « club kids » et de la communauté queer. S’inspirant des codes d’Instagram, le jeune auteur tire de ses expériences dans les scènes underground des grandes métropoles, de Montréal à Berlin, son matériel littéraire. Dans une enfilade de courts textes comme autant d’instantanés de vie, drogues, sexe, fêtes qui s’éternisent et nuits d’extase et de déchéance sont racontés, sans filtre et avec une légèreté assumée, accompagnés des magnifiques illustrations queer de l’artiste Jacob Pyne.

Triptyque (collection Queer)
En librairie

Le Roitelet, de Jean-François Beauchemin

PHOTOU FOURNIE PAR QUÉBEC AMÉRIQUE

Le Roitelet, de Jean-François Beauchemin

Auteur prolifique, Jean-François Beauchemin a publié un grand nombre d’œuvres ; des romans, mais aussi des récits, carnets, nouvelles et recueils de poésie. Il a été deux fois finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada. Il nous revient avec un court roman, son 23e, qui met en scène un écrivain vieillissant menant une vie paisible à la campagne, et décrit la relation fusionnelle qu’il entretient avec son frère schizophrène. Un texte réflexif, tout en délicatesse et en bienveillance, sur l’amour fraternel et la maladie mentale.

Québec Amérique
En librairie

La reconstruction du paradis, de Robert Lalonde

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La reconstruction du paradis, de Robert Lalonde

Dans la nuit de 26 décembre 2018, la maison de Robert Lalonde, connu comme acteur, mais aussi comme écrivain, a été entièrement détruite par un violent incendie, emportant en fumée les quelque 4000 livres qui se trouvaient dans cette demeure qu’il entretenait avec soin depuis 30 ans avec sa compagne. Dans ces carnets, il raconte la lente reconstruction de son paradis, dans une écriture épurée et lumineuse traversée par les mots du poète américain Walt Whitman, alors que l’auteur s’est mis en tête de traduire son œuvre maîtresse, Leaves of Grass.

Boréal
Février

La panse, de Jérémie McEwen

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La panse, de Jérémie McEwen

Jérémie McEwen s’est fait connaître comme chroniqueur à la plume vive et aiguisée (notamment dans les pages de La Presse), mélangeant habilement philosophie et hip-hop, ses deux sujets de prédilection. Après des essais publiés ces dernières années, il nous revient cette fois avec un recueil de poésie s’abreuvant au slam et à la philosophie, qui met en scène un narrateur qui a décidé de faire le « vrai vide » en lui et dans sa panse, en écho à l’abstinence forcée que provoque celle qui l’a quitté.

XYZ
Février

La fille d’elle-même, de Gabrielle Boulianne-Tremblay

PHOTO FOURNIE PAR MARCHAND DE FEUILLES

La fille d’elle-même, de Gabrielle Boulianne-Tremblay

Comédienne et écrivaine, Gabrielle Boulianne-Tremblay a obtenu une sélection aux prix Écrans canadiens en tant que meilleure actrice de soutien pour le film Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, une première pour une femme trans au Canada. Après un premier recueil de poésie publié en 2018, elle s’inspire de sa propre histoire, soit celle d’une petite fille prise dans le corps d’un garçon, avec ce premier roman qui foule les territoires de la littérature de la transidentité, un phénomène jusqu’ici inédit au Québec.

Marchand de feuilles
Février

La mémoire est une corde de bois d’allumage, de Benoit Pinette

PHOTO FOURNIE PAR LA PEUPLADE

La mémoire est une corde de bois d’allumage, de Benoit Pinette

Surtout connu sous son nom d’artiste – Tire le coyote –, l’auteur-compositeur-interprète Benoit Pinette nous arrive avec un tout premier recueil de poésie tout en sensibilité. Au fil des pages et des strophes, douceur et douleur s’entrelacent (« La paix est une tranchée/un amas de cendres répandues/sur l’imprévisible »), alors que Pinette lance l’allumette dans ses souvenirs d’enfance et fouille les cendres de son passé, pour tenter de mieux éclairer le présent.

La Peuplade
Février

Tombée, d’Esther Laforce

PHOTO FOURNIE PAR LEMÉAC

Tombée, d’Esther Laforce

Dans Aux premiers temps de l’Anthropocène, la narratrice écrivait une lettre à sa sœur mourante ; avec son deuxième roman, Esther Laforce met cette fois en scène une femme tombée dans une faille lors d’un tremblement de terre, et qui s’adresse à son enfant. Réflexion sur la violence du monde et la façon dont nous l’expérimentons, Tombée oppose la vie jusqu’ici confortable d’une Montréalaise aux malheurs du monde, que la narratrice décide de raconter à son fils dans un long monologue, pour tenter de défier la mort. Son essai Occuper les distances, qui fouille les mêmes motifs, est publié simultanément chez Leméac.

Leméac
Février

Valide, de Chris Bergeron

PHOTO FOURNIE PAR XYZ

Valide, de Chris Bergeron

Autrefois à la direction du défunt journal Voir, Chris Bergeron occupe aujourd’hui le poste de directrice de création chez Cossette. Avec ce premier roman qui s’inscrit également dans la littérature de la transidentité, l’autrice trans défie les genres en mariant habilement des éléments autobiographiques à un roman de science-fiction, le tout saupoudré d’une esthétique cyberpunk. Le récit campé en 2050, dans un monde transfiguré sous haute surveillance et en perpétuelles quarantaines, raconte l’histoire d’une femme trans montréalaise qui se fait révolution en décidant de raconter sa vérité.

XYZ
Mars

La désidérata, de Marie Hélène Poitras

PHOTO FOURNIE PAR ALTO

La désidérata, de Marie Hélène Poitras

Le plus récent ouvrage de Marie Hélène Poitras, l’excellent Griffintown, a remporté le prix France-Québec ; neuf ans plus tard, elle nous revient avec La désidérata, un roman qui se déroule dans la contrée imaginaire de Noirax, où règne une longue tradition de secrets, qui ont donné naissance aux désidératas, une lignée de femmes au destin tragique. Jusqu’à l’arrivée d’Aliénor, qui cherche des réponses et veut changer le cours des choses dans ce récit qui rend hommage aux voix qu’on tente de bâillonner.

Alto
Avril

Le monde d’après, de Jean-Philippe Baril Guérard

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Philippe Baril Guérard nous arrive avec un nouveau roman, Le monde d’après, publié aux Éditions Ta Mère.

Dramaturge, auteur, scénariste (la minisérie Faux Départs) et acteur, Jean-Philippe Baril Guérard porte plusieurs chapeaux avec un talent indiscutable. Ses précédents romans ont remporté un beau succès, dont Royal, lauréat du Prix littéraire des collégiens en 2018, et son plus récent, Manuel de la vie sauvage, finaliste au Prix des libraires du Québec. Le voici de retour, sans doute toujours aussi cynique, avec ce nouvel opus qui se passe dans le milieu de l’humour à Montréal et aborde des sujets comme l’ambition, les relations de couple et le mouvement #metoo.

Éditions Ta Mère
Avril

* À noter qu’en raison des mesures sanitaires en cours, certaines publications peuvent être reportées ou retardées.