Avec Le dessinateur, Sergio Kokis fusionne ses deux passions : la littérature et la peinture. Dans les années 1950, le peintre Oleg Boulatov est envoyé dans un camp sibérien pour crime idéologique. Il survivra grâce à ses talents d’artiste, mais n’en sortira pas indemne. Reste que l’art, peu importe ses conditions de création, fait du bien.

Sergio Kokis approche de la fin d’un parcours. Ce 20e roman pourrait être son dernier, semble-t-il. Sans être son meilleur, c’est probablement le plus significatif. L’écrivain y poursuit sa réflexion sur l’importance de l’art, de la liberté, de la bienveillance et de l’empathie, comme de la dénonciation de la cruauté et de la violence.

C’est le livre de la sagesse. Les dialogues entre le personnage principal, peintre prisonnier du goulag, avec un professeur d’université représentent toute la richesse de la pensée de l’écrivain. Sergio Kokis a beaucoup écrit au sujet de la condition humaine. Il navigue ici admirablement entre le blanc, le noir et le gris, aidé par des personnages et des situations nuancés. Préférant de loin l’analyse aux préjugés ou aux idées préconçues.

À qui appartient l’art, demande Kokis ? À tous. À l’artiste d’abord, qui saisit le moment présent de la création. À tous les autres, les témoins qui communient à travers l’œuvre. Même si les puissants en décident autrement, l’art aura fait son chemin. Des œuvres seront détruites, mais des âmes auront été atteintes et les mots, dans le cas présent, en témoigneront longtemps encore.

★★★½

Le dessinateur, Sergio Kokis, Lévesque éditeur, 416 pages