Un hameau, perdu dans la campagne profonde, au centre de la France. Trois maisons, dont seulement deux sont occupées. Christine, artiste vieillissante, habite dans l’une avec son chien. Marion, Patrice et leur fille de 10 ans, Ida, dans l’autre. Petit voisinage sans histoire, presque une famille reconstituée. Jusqu’à ces lettres anonymes, menaçantes, puis cette visite que l’on n’attendait pas, et qui s’est invitée, ce soir, au 40anniversaire de Marion. Qui sont ces inquiétants convives, surgis d’un autre lieu, d’une autre vie ? Combien de temps resteront-ils ? Et surtout, que sont-ils venus chercher ?

Treizième livre de Laurent Mauvignier (Dans la foule, Apprendre à finir), Histoires de la nuit n’est pas passé inaperçu depuis sa sortie en France. La critique, enthousiaste, a salué ce thriller rural à l’écriture maîtrisée et prenante. Avec raison, car il est vrai qu’on est captivé par ce récit, qui se déroule pourtant très lentement, avec une lenteur entêtée, lancinante, qui ne vous lâche plus une fois qu’il vous a pris, avec ses longues phrases, ses psychologies décortiquées, ses descriptions patientes, pleines de circonvolutions, qui se déroulent un mot à la fois, comme si tout était au ralenti, même quand les choses s’accélèrent, que la peur gagne, qu’on a besoin de savoir où tout cela s’en va, et comment on ira, mais on sait qu’on ira.

Histoires de la nuit fait plus de 600 pages. Six cents pages qui ne couvrent qu’une seule journée. Mais pas une seconde, malgré l’épaisseur du bouquin, malgré ce rythme étrange, songe-t-on à mettre de côté ce suspense oppressant, si finement ciselé malgré l’ampleur du drame qui se joue. Pas seulement parce qu’on veut en connaître l’issue, mais aussi pour ce style prégnant, qui laisse une impression durable. On aime.

★★★★

Histoires de la nuit, Laurent Mauvigner, Les Éditions de Minuit, 635 pages