Pour son quatrième roman, Celia Levi nous propose une histoire on ne peut plus actuelle : celle de Jeanne, jeune femme native de la Bretagne qui « monte » sur Paris pour faire sa place dans le merveilleux monde de la culture.

Elle voulait travailler dans une librairie, elle se retrouve préposée à l’accueil dans un centre culturel multidisciplinaire installé dans une usine désaffectée. La voilà en contact avec le monde de la culture, sa faune. Jeanne – qui est un peu naïve – découvre que dans ce milieu, comme dans bien d’autres en France, il y a des castes et des codes. Et qu’il faut du temps – et de la volonté – pour se tailler une place.

C’est donc un roman d’apprentissage que nous propose l’auteure qui s’est inspirée de L’éducation sentimentale, de Flaubert, pour imaginer les périples de son héroïne. Avec comme toile de fond les crises qui marquent notre époque – crise des migrants, salaire minimum, manifs sur la place de la République, etc. –, Celia Levi décrit la vie d’une certaine frange de la génération des millénariaux français. Ça se passe à Paris, mais à quelques détails près, bien des vingtenaires et des trentenaires québécois pourraient se reconnaître dans ce portrait de société marqué par l’angoisse et la solitude.

On saura le 6 novembre prochain si l’auteure – qui aime bien souligner les dérapages de notre société capitaliste dans ses romans – remporte le prix Médicis pour lequel elle est en nomination.

★★★½

La tannerie, Celia Levi, Tristram, 384 pages.