(Paris) Après des installations à Florence et Berlin de gilets de sauvetage et canots pneumatiques, après son film Human Flow, l’artiste chinois Ai Weiwei s’est tourné vers l’écriture pour un nouveau plaidoyer pour les réfugiés, tout juste sorti en français.

Dans la peau de l’étranger (Actes Sud) mêle éléments autobiographiques et réflexions sur l’art, mais se veut avant tout un manifeste pour tous ces hommes, femmes, enfants en souffrance, forcément, car « les gens qui vont bien restent chez eux », écrit-il en refusant les distinctions « migrants économiques/réfugiés politiques ».

D’où lui vient cet engagement ? Une profonde conscience de « la valeur de la vie » qui devrait être « une valeur commune et être partagée », dit-il à l’AFP.

CAPTURE D'ÉCRAN

Dans la peau de l’étranger (Actes Sud) mêle éléments autobiographiques et réflexions sur l’art, mais se veut avant tout un manifeste pour tous ces hommes, femmes, enfants en souffrance, forcément, car « les gens qui vont bien restent chez eux », écrit-il en refusant les distinctions « migrants économiques/réfugiés politiques ».

Une croyance ancrée en lui, liée à son propre passé d’exilé dans le sillage de son père, le poète Ai Qing, victime d’une purge l’année même de sa naissance et envoyé au Xinjiang, région du Nord-Ouest essentiellement peuplée de Ouïghours.

« J’ai vécu cette tragédie non seulement aux mains de l’État autoritaire, mais aussi de la population. Ils n’étaient ni éduqués ni informés, jamais dotés du savoir que la dignité humaine est quelque chose de partagé », se souvient-il.

Mais son propos dépasse les individus pour fustiger les États-Unis qui « se transforment en forteresse », écrit-il, ou l’Europe.

« La crise des réfugiés a mis à l’épreuve les valeurs européennes ». Sur cette question, « l’Europe a été un tel échec en matière de droits de l’homme et de dignité humaine » dont les évènements en Grèce aujourd’hui sont un reflet, explique-t-il à l’AFP.

« Au fond, la politique européenne consiste à dire que ce n’est pas leur affaire. Les réfugiés qui se trouvent déjà en Europe sont punis et soumis à des souffrances » pour dissuader d’autres candidats, dénonce-t-il. « La tactique est honteuse, superficielle et corrompra inévitablement l’esprit de l’Europe », s’indigne celui qui promet de continuer « à faire du bruit. Pas pour être entendu, mais savoir (qu’il est) vivant ».