Quelque part entre récit initiatique, suspense politique et roman psychologique, Brasiers, le deuxième roman de l’auteur québécois Marc Ménard, nous prend dans ses longues griffes, celles-là mêmes qui enserrent le personnage principal, Philippe, antihéros de ce roman sombre et captivant.

Habilement mené, le récit se déroule alternativement sur deux époques : le présent du personnage, bon père de famille un peu éteint par la routine qui voit poindre son 40e anniversaire, et son passé tumultueux et énigmatique, quelque part au milieu des années 1980, à Paris. Philippe, qui a voulu anesthésier celui qu’il était à l’époque en optant pour une vie conformiste, se voit rattrapé par son passé alors que réapparaît son ami Mora, qui a mystérieusement disparu de sa vie 15 ans plus tôt. Les cendres pas tout à fait éteintes d’une violence et d’une révolte qu’il porte encore en lui malgré le passage des années s’embraseront à nouveau alors que Mora, personnage ambigu habité par un désir de vengeance, lui propose de terminer la mission qu’ils avaient échoué à mener à bien à l’époque.

Chasse aux nazis, montée de l’extrême droite, attentats, indifférence de la masse devant les injustices, Brasiers raconte l’impuissance rageuse de ceux qui voudraient pouvoir changer les choses et rêvent d’un monde meilleur en jurant devant leur journal le matin. Jusqu’où peut-on s’enfoncer sans sombrer en voulant rééquilibrer soi-même les forces obscures du monde ? Des questions douloureuses qui nous hantent encore une fois la lecture terminée.

★★★½

Brasiers
Marc Ménard
Tête Première
286 pages

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

Brasiers, de Marc Ménard