C’est un des romans français les plus attendus de la rentrée littéraire. Une grande fresque sociale qui raconte l’histoire de deux jeunes gens, Antoine et L., assistant parlementaire et hackeuse. Comme les deux facettes d’une même pièce, ils incarnent deux visions du monde qui se rencontrent. Antoine a choisi la voie officielle, L. travaille de manière souterraine. Les deux rêvent de changer le monde. Ce sont deux façons de concevoir le changement social.

Le roman parle de la politique avec un grand P, de la force des mouvements sociaux, des gilets jaunes, d’un grand désir de changement qui part de la base, de hiérarchie (et dieu sait que les Français aiment beaucoup la hiérarchie !). C’est super bien fouillé et documenté, c’est riche de détails, c’est foisonnant… et pourtant, le livre nous a laissé indifférente.

Est-ce parce que le décor dans lequel est campé l’intrigue est très franco-français ? (une Québécoise qui a résidé plusieurs années en France nous a confié que le roman de Zeniter l’avait rendue nostalgique de sa vie là-bas). Peut-être, en effet, nous manque-t-il quelques clés pour bien décoder chaque nuance de ce roman, mais le problème principal n’est pas là, à notre avis. Il est plutôt dans la distance que Zeniter installe entre le lecteur et des personnages auxquels on n’arrive pas à s’attacher. En fait, tout est placé à distance dans ce livre, un peu comme dans les romans de Houellebecq, qui nous ont pourtant touchée davantage. Comme si on regardait évoluer Antoine et L. de l’autre côté d’un plexiglas...

Comme un empire dans un empire est un roman superbement bien écrit, mais à la fin, il manque ce petit quelque chose qui en aurait fait un véritable coup de cœur.

★★★

Comme un empire dans un empire
Alice Zeniter
Flammarion
395 pages

PHOTO FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Comme un empire dans un empire, d’Alice Zeniter