Nathalie a deux filles, une cuisine rénovée, un congélateur tombeau rempli de pizzas et de crème glacée. L’engourdissement que lui procurent les séries écoutées en rafale et le vin ne suffit plus : elle étouffe. Comment a-t-elle pu passer d’une petite fille libre à une mère emprisonnée dans son train-train quotidien ?

L’autrice Julie Dugal nous le fait découvrir dans son tout premier roman, Nos forêts intérieures, en entrecoupant habilement des pans du passé et du présent de Nathalie, la narratrice.

Tout comme Julie Dugal, Nathalie a grandi dans les Hautes-Laurentides, au milieu d’une forêt et en bordure d’un lac, avec comme voisins ses oncles et tantes. Une enfance magnifiée, certes, mais une enfance libre, passée à jouer dans la terre avec sa cousine Karine, à cueillir des framboises, à servir de la crème de menthe aux adultes en lendemain de veille, à s’inventer des peurs. Une enfance qui promettait un monde sans limites, et pourtant…

Truffé de références de l’époque où l’autrice a grandi (des biscuits Ritz aux soirées sans âme à la discothèque Le Dôme, en passant par les Fun Dip et les « robes cheaps du Château »), Nos forêts intérieures explore la quête d’un retour à la terre sans morale ni clichés. Ici, l’apaisement ne se trouve pas en méditant avec une tisane de sapin, mais en regardant les étoiles avec ses amis après une soirée trop arrosée.

★★★½

Nos forêts intérieures. Julie Dugal. Marchand de feuilles. 398 pages.