Ils sont sortis récemment ou doivent paraître au courant de l’été. Voici 10 albums à ne pas manquer pour la belle saison.

L’homme qui tua Chris Kyle

Ancien tireur d’élite de la Marine américaine pendant la deuxième guerre d’Irak, Chris Kyle a consacré son après-carrière militaire à aider ses anciens camarades de combat marqués par la guerre. L’un d’entre eux, Eddy Ray Routh, finira par l’assassiner. Cette histoire vraie, portée au grand écran par Clint Eastwood dans American Sniper, trouve désormais écho dans une bande dessinée documentaire glaçante, où la société états-unienne est dépeinte dans toutes ses contradictions… L’album est offert en deux versions : noir et blanc ou en couleurs. Dans les deux cas, voilà encore une belle réussite signée Fabien Nury et Brüno, le duo de la série à succès Tyler Cross. Déjà publié.

L’homme qui tua Chris Kyle, Fabien Nury et Brüno, Dargaud, 164 pages.

Seules à Berlin

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Seules à Berlin

Inspiré par deux livres autobiographiques écrits par des femmes qui ont connu l’Allemagne de la Seconde Guerre mondiale, le bédéiste français Nicolas Juncker a imaginé pour ce puissant album la rencontre entre les deux diaristes que tout oppose, dans le Berlin en ruine de 1945. L’une vivait avec un officier SS ; l’autre servait d’interprète aux Russes pendant l’offensive contre l’Allemagne. En choisissant de raconter la Seconde Guerre à hauteur de femmes, allemandes de surcroît, le bédéiste propose une vision nouvelle du conflit, prouvant que tout n’a pas été dit sur ce dernier. Entre les deux protagonistes, des passerelles finiront par se construire, malgré le chaos ambiant, l’incompréhension mutuelle et la peur qui les habite toutes les deux. Une lecture poignante. Déjà publié.

Seules à Berlin, Nicolas Junker, Casterman, 190 pages.

Béatrice

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Béatrice

Il faut du souffle, de l’inventivité et beaucoup (beaucoup !) de talent pour créer un album aussi inspirant sans y mettre une seule bulle ni un seul mot. L’exploit de Béatrice, un délice d’album entièrement muet, revient au Belge Joris Mertens qui signe son premier titre à 52 ans ! On y découvre une célibataire rêveuse qui travaille aux galeries La Brouette et dont le quotidien est réglé comme du papier à musique. Un jour, prise d’une impulsion soudaine, Béatrice s’empare d’un sac rouge vif, abandonné sur le trottoir. Ce qu’elle trouve à l’intérieur va bouleverser sa vie… Joris Mertens, également peintre et photographe, nous offre un album magique, et complètement hors du temps, où chaque case est chargée d’émotions. Un coup de cœur. Déjà publié.

Béatrice, Joris Mertens, Rue de Sèvres, 112 pages.

J’irai cracher sur vos tombes

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J’irai cracher sur vos tombes

COVID-19 oblige, le centième anniversaire de naissance de Boris Vian fait partie de ces évènements qui seront un peu passés sous le radar en cette étrange année 2020. L’occasion reste belle toutefois pour (re)plonger dans ses classiques. Son roman le plus sombre, J’irai cracher sur vos tombes, est l’objet d’une belle adaptation en BD par le scénariste Jean-David Morvan. Planté dans le sud des États-Unis, ce polar met en scène Lee Anderson, un métis de 26 ans, dont le frère noir a été abattu. Anderson est tiraillé entre sa vie dissolue — l’homme est un séducteur redoutable et un joueur de blues émérite — et son désir de venger son frère. À savoir : le scénariste a aussi adapté plus tôt cette année un autre roman de Vian, Les morts ont tous la même peau. Déjà publié.

J’irai cracher sur vos tombes, Jean-David Morvan d’après Boris Vian, Glénat, 112 pages.

Nous étions les ennemis

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Nous étions les ennemis

L’acteur américain George Takei est connu pour son rôle de Sulu dans la série Star Trek ; c’est aussi un militant LGBTQ très actif. Ce que sa biographie officielle ne dit pas, c’est qu’il a passé une partie de son enfance dans un camp d’internement (celui de Fort Rohwer, en Arkansas) après l’attaque de Pearl Harbor par le Japon, en 1941. Sur l’ordre du président Roosevelt, plus de 120 000 Américains d’origine japonaise ont subi le même sort. Illustrée par Harmony Becker, cette autobiographie donne la parole au petit George, 5 ans, qui tente avec ses yeux d’enfant de comprendre sa vie derrière les barbelés. Une histoire qui se devait d’être racontée. Et un album acclamé — avec raison — par la critique et le public à sa sortie aux États-Unis en 2019. Déjà publié.

Nous étions les ennemis, George Takei et Harmony Becker, Futuropolis, 202 pages.

Pucelle t.1 Débutante

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Pucelle t.1 Débutante

Après avoir frappé un grand coup en 2016 avec l’album Cruelle, Florence Dupré la Tour revient avec un nouveau récit autobiographique où elle raconte avec beaucoup de dérision sa non-éducation sexuelle dans une « famille chrétienne rétrograde ». Patriarcat, place des femmes dans la société (et dans la BD !), découverte de sa féminité, premières menstruations… la bédéiste tire sur tout ce qui bouge dans cette succession de saynètes. Le ton est souvent drôle, parfois grave, mais il reste toujours universel. Le dessin, tout en teintes de gris et de rouge, donne à l’ensemble une plaisante ambiance nostalgique, même si le propos tient davantage de la catharsis que du regard tendre sur une enfance qui hante toujours l’auteure. À paraître plus tard en juillet.

Pucelle t.1 Débutante, Florence Dupré la Tour, Dargaud, 184 pages.

Clyde Fans

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Clyde Fans

Voilà un roman graphique que l’on attend depuis longtemps ! Paru en version originale anglaise en mai 2019, sorti en France en novembre 2019 et couronné du Prix spécial du jury au dernier Festival d’Angoulême, Clyde Fans aura mis plus de huit mois à traverser l’Atlantique ! Une route étonnamment longue pour un album signé par l’immense Seth, originaire de l’Ontario ! Le bédéiste canadien a mis 20 ans à boucler cette saga qui suit sur plusieurs décennies la fratrie torontoise des Matchcard, fabricants de ventilateurs de père en fils. Toute famille a ses secrets et les Matchcard ne font pas exception… Un album dense et envoûtant, d’une grande qualité graphique, où l’auteur varie les formes, le rythme et les approches narratives. À paraître plus tard en juillet.

Clyde Fans, Seth, Delcourt, 488 pages.

La Vingt

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La Vingt

L’éditeur québécois Mécanique générale publiera cet été la première bande dessinée signée par l’artiste visuelle et auteure Audrey Beaulé. La Vingt, c’est l’histoire d’une femme dans la vingtaine qui a l’impression de n’avoir aucune prise sur son existence balançant entre Québec et Montréal. Entre ces deux pôles, il y a l’autoroute Transcanadienne (la 20, oui) et c’est en avalant les kilomètres de bitume que les réflexions naissent. Tout y passe : famille, orientation sexuelle, amitiés, féminisme… « La vingtaine, c’est un condensé de possibles et d’impossibles » qui donne le vertige, écrit Audrey Beaulé. Cet album intimiste et touchant se révèle surtout être un puissant condensé de cette période de la vie où tous les codes restent à écrire. À paraître en août.

La Vingt, Audrey Beaulé, Mécanique générale, 144 pages.

Géante — Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté

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Géante — Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté

Céleste n’est pas une adolescente comme les autres. Orpheline recueillie au sein d’une famille de six garçons, elle est d’abord et surtout une géante. Une vraie. Avide de découvertes (mais aussi de réponses sur sa place dans ce vaste monde), elle va partir sur les chemins, ses pas la menant dans ceux de personnages dignes d’un conte médiéval : un filou à la langue bien pendue, des sorcières, un cavalier qui la veut pour épouse… Sauf que Céleste est tout sauf une princesse en détresse ! Le scénariste Jean-Christophe Deveney et la dessinatrice Nuria Tamarit jouent habilement avec les codes du conte pour proposer un album empreint de poésie et de tendresse, où se glissent des thèmes très actuels — comme l’inégalité entre les sexes, l’émancipation ou le fanatisme religieux. À paraître en août.

Géante — Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté, Jean-Christophe Deveney et Nuria Tamarit, Delcourt, 208 pages.

C’est comme ça que je disparais

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C’est comme ça que je disparais

Publiée en début d’année en Europe, cette BD intimiste signée Mirion Malle arrive chez nous sous les bons soins de l’éditeur québécois Pow Pow. L’auteure relate le combat de tous les instants que mène Clara — jeune femme dans la vingtaine — contre le mal qui la ronge et qu’elle seule n’arrive pas à nommer : la dépression. Son travail dans une boîte d’éditions montréalaise, ses amitiés insatisfaisantes, une rupture amoureuse qui l’a laissée exsangue… Tout l’épuise et lui laisse au ventre un incommensurable vide. Pour son premier récit de fiction, Mirion Malle nous offre une BD d’une grande justesse sur un mal insidieux qui isole trop souvent ceux qui en souffrent. À paraître en août.

C’est comme ça que je disparais, Mirion Malle, Pow Pow, 200 pages.