Pour plusieurs, vacances rime avec polars. L’offre est riche cet été, nous en avons sélectionné quelques-uns qui devraient bien occuper vos chaudes journées.

Jouer avec l’Histoire : Le jour où Kennedy n’est pas mort,
de R. J. Ellory

Un autre roman qui a pour toile de fond l’assassinat de John F. Kennedy ? Oui et non. Car Ellory tord le destin et imagine une intrigue où Lancelot, justement, ne meurt pas. Mais alors ? C’est le photojournaliste Mitch Newman qui enquête. Après avoir appris que son ex-amoureuse, Jean, journaliste comme lui, s’est suicidée, il découvre qu’elle enquêtait justement sur le célèbre clan Kennedy. Qu’avait-elle appris au juste ? Newman va tenter de le savoir et nous entraînera dans un monde terrifiant : les coulisses de la politique américaine. En parallèle, il fera l’autopsie de sa relation amoureuse. L’action se déroule sur une période de deux mois, durant l’été 1964. Les fans de la méthode Ellory devraient aimer.

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Le jour où Kennedy n’est pas mort

Le jour où Kennedy n’est pas mort, de R. J. Ellory, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, Sonatine, 432 pages

Quand Bosch rencontre Ballard : Nuit sombre et sacrée, de Michael Connelly

C’est presque un moment historique que cette rencontre entre les deux personnages imaginés par Connelly : Harry Bosch, le vieux commissaire de police, et l’inspectrice Renée Ballard, la jeune quarantaine, tassée professionnellement depuis qu’elle a dénoncé l’agression sexuelle dont elle a été victime par un supérieur. Les deux font équipe pour retrouver le meurtrier qui a assassiné la jeune Daisy Clayton, il y a de cela 10  ans. Le kidnapping et le meurtre de cette fugueuse hante encore Bosch qui, comme à son habitude, en fait une affaire personnelle. Ça se passe bien sûr à Hollywood et en filigrane, les dénonciations se multiplient dans la foulée du mouvement #metoo. Dommage que la traduction nous ait déplu, car pour le reste, c’est un classique réconfortant, apprêté au goût du jour.

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Nuit sombre et sacrée

Nuit sombre et sacrée, de Michael Connelly, traduit de l’anglais (États-Unis) par Robert Pépin, Calmann-Lévy, 432 pages

Vengeance au féminin : La femme sans merci, de Camilla Lackberg

La reine du polar suédois surfe sur la vague #metoo elle aussi avec cette novella (ou, si vous préférez, très court roman) qui parle d’infidélité, d’abus et de violence. Trois femmes qui ne se connaissent pas se rencontrent virtuellement dans un forum de discussion bien particulier. Battues, trompées, violées, elles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Elles découvriront qu’en matière de vengeance et d’autodéfense, l’union fait la force. Si l’intrigue est parfois tirée par les cheveux, la tension est bel et bien présente dans chaque page du récit dont la conclusion est on ne peut plus jubilatoire – du point de vue des protagonistes, en tout cas. Disons que sous la plume de Camilla Lackberg, l’empowerment féminin est assurément sanguinolent.

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La femme sans merci

La femme sans merci, de Camilla Lackberg, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, Actes sud (Actes noirs), 142 pages

L’auteur de la série Glacé récidive : La Vallée, de Bernard Minier

À défaut de voyager, on peut toujours ouvrir un livre. Sauf que… Bernard Minier dit s’être inspiré du confinement pour tricoter ce thriller, son huitième roman. L’auteur de la série Glacé (adaptée pour Netflix) a campé l’action dans les Pyrénées, dans une vallée coupée du monde à la suite d’un éboulement. On y retrouve son policier toulousain préféré, Martin Servaz, qui reçoit un appel inquiétant et inattendu de son ex-compagne, Marianne, disparue il y a huit ans. On la croyait morte, mais la voilà, bien vivante. L’obsessif Servaz part à sa recherche. En cours de route, il devra surmonter ses soucis personnels et professionnels pour enquêter sur une série de meurtres qui s’apparentent vraisemblablement à des rituels. Cœurs sensibles s’abstenir. Les autres seront récompensés par une finale inattendue.

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La Vallée

La Vallée, de Bernard Minier, XO, 548 pages

Une enquête aux Îles : Les demoiselles de Dame-Aubert, de Jean Lemieux

Comme nos vacances cet été, l’action de ce roman se déroule au Québec, plus précisément aux Îles-de-la-Madeleine. L’enquêteur Surprenant – le personnage fétiche de Jean Lemieux – est en vacances avec sa famille à Havre-Aubert. Mais un policier est-il jamais vraiment en vacances ? Le taciturne Surprenant enquêtera sur les suites d’un meurtre commis dans un pawnshop de Verdun (là où on trouve la plus grande concentration de Madelinots à l’extérieur des Îles). Or, il n’est pas toujours facile de mener une enquête au sein d’une communauté où les rumeurs voyagent plus vite que le vent. Les amoureux des Îles retrouveront leurs lieux préférés avec bonheur et ne s’ennuieront pas une seconde avec cette intrigue bien ficelée. À déguster sur la plage de Sandy Hook ou de Pointe-aux-Loups.

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Les demoiselles de Dame-Aubert

Les demoiselles de Dame-Aubert, de Jean Lemieux, Québec Amérique, 272 pages

Graham sur un « cold case » : Les cibles, de Chrystine Brouillet

Un an après la parution des dernières aventures de Maud Graham (Dans son ombre), la populaire et prolifique romancière Chrystine Brouillet revient déjà avec un nouvel opus, le 19e de cette série policière entamée en 1987. Dans Les cibles, la bouillante et entêtée enquêteuse se cogne à un « cold case », alors que de nouveaux éléments remettent à l’ordre du jour un meurtre et une disparition survenus des années plus tôt dans la ville de Québec, et toujours non résolus. Brouillet y aborde les sujets brûlants d’actualité que sont les crimes homophobes et xénophobes, dans une intrigue aussi dense que sombre. Une enquête qui donnera du fil à retordre à la coriace enquêteuse !

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Les cibles

Les cibles, de Chrystine Brouillet, Éditions Druide (collection Reliefs), 376 pages, à paraître le 29 juillet

De plus en plus cynique : Retour de service, de John le Carré

Donald Trump, Boris Johnson, le Brexit. Une trinité diabolique pour John Le Carré. Dans son dernier roman, l’ancien agent secret aborde l’actualité internationale comme rarement auparavant. Le cynisme de ses personnages en est d’autant plus piquant. Retour de service suit Nat, né Anatoly et d’ascendance russe blanche, en fin de carrière d’espionnage à seulement 47 ans. À sa grande surprise, le MI6 lui confie le Refuge, où croupissent des agents désabusés du service russe. Au fil de ses discussions chargées de sous-entendus avec ses collègues, et de tournois de badminton avec un mystérieux jeune germanophile à son country club, Nat navigue entre Charybde et Scylla – entre Trump, Poutine et l’Europe reniée – et permet à l’auteur de 88 ans de régler ses comptes avec une époque qui visiblement le déprime.

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Retour de service

Retour de service, de John le Carré, Seuil, 302 pages

Meurtre au temps des vendanges : Le Jour des Cendres, de Jean-Christophe Grangé

Les Émissaires, membres d’un groupe religieux qui rappelle les Amish ou les Mennonites, sont férocement pacifiques. Et pourtant, ce qui semblait être un accident dans une chapelle en rénovation se révèle être un meurtre sanguinaire. Parfois, on sent qu’un auteur écrit un roman en pensant dès le départ au film ou à la série télévisée qui va en résulter. C’est le cas de Jean-Christophe Grangé, qui a effectivement vu tous ses romans aboutir à l’écran. Malheureusement, ce genre de livre a tendance à manquer de profondeur, de complexité, comme si l’auteur savait que tout aspect secondaire ne sera pas retenu lors de l’adaptation à venir. Pour une lecture estivale, ce n’est pas nécessairement un mal. Le roman a aussi le mérite de faire revivre le commandant Pierre Niémans, qu’on avait connu dans Les Rivières pourpres, et de nous transporter en Alsace pendant les vendanges. Dépaysement garanti.

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Le Jour des Cendres

Le Jour des Cendres, de Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, 366 pages