« Souvent, on décrédibilise les jeunes », constate Marianne Verville. La comédienne de 25 ans en sait quelque chose. « J’ai longtemps été prise pour une enfant ; j’ai l’air plus jeune que mon âge, dit-elle. Je pense pourtant qu’on peut tous apporter quelque chose, peu importe la génération. »

En ces temps de confinement à la maison – contraire à l’élan naturel qui pousse les adolescents à s’extirper du cocon familial –, le besoin de s’exprimer des jeunes est grand. Ça tombe bien : Premiers pas poétiques, un « happening » de poésie jeunesse, invite les ados de 13 à 18 ans à soumettre un texte de leur cru d’ici au 24 mai. Vers libres, slam, haïku, prose, rap, sonnets, tout est accepté. Seule contrainte : une longueur maximale de 500 mots.

Au cours des trois dernières années, l’événement a eu lieu à l’Atomik Café, dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Pandémie oblige, la quatrième présentation se déroulera en ligne. Avantage : cela permet d’élargir l’appel à tous les jeunes Québécois. « Puisque c’est virtuel, on n’a pas le souci de la distance à parcourir », fait valoir Caroline Fournier, fondatrice de Premiers pas poétiques.

Impact positif

Travailleuse sociale, Caroline Fournier voit l’impact positif de l’écriture sur la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes. « L’expression de soi aide à être plus résilient, à traverser des moments plus difficiles, observe-t-elle. Mais il y a peu de places, à l’extérieur de l’école, qui permettent aux jeunes d’être entendus et de briller. » Les soirées de slam et de poésie ont souvent lieu dans les bars, fermés aux moins de 18 ans (et fermés tout court en ce moment, comme les écoles, d’ailleurs).

D’où l’idée de créer Premiers pas poétiques, un événement animé par Marianne Verville. Le 7 juin, une douzaine de jeunes y liront leurs créations, aux côtés d’invités (Jean-Christophe Réhel, Annick Lefebvre, Anglesh Major, Jacques Thériault et Daria Colonna).

PHOTO JEAN-PHILIPPE SANFAÇON, FOURNIE PAR PREMIERS PAS POÉTIQUES

Queen Ka (Elkahna Talbi) a participé à Premiers pas poétiques en 2017, à l’Atomik Café de Montréal.

C’est au cégep que Marianne Verville est « tombée en amour avec la poésie », dit-elle. Participante au concours de récitation Les voix de la poésie, elle s’est rendue en finale à Vancouver. « Au secondaire, la poésie m’avait été mal enseignée, se souvient la comédienne qui a incarné Aurélie Laflamme au cinéma. On lisait un poème et il y avait juste une façon de le voir. Ça m’a été présenté totalement différemment au cégep. »

« On a besoin de beau »

Marianne Verville est émue par les œuvres présentées à Premiers pas poétiques.

Les jeunes nous parlent de leur réalité, de leur conscience par rapport à l’environnement, la vie, tellement de choses. Il y a deux ans, j’ai braillé sur scène. Je ne m’attendais pas à être aussi touchée.

Marianne Verville

Pourquoi devrait-on assister à l’événement devant son ordinateur ou son téléphone, le 7 juin ? « Parce qu’on a besoin de beau, en ce moment, répond Caroline Fournier. On a besoin d’écouter nos jeunes. »

Consultez le site du Festival de la poésie de Montréal

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Marianne Verville, suppléante

Marianne Verville a tourné des capsules pour l’émission Les suppléants, de Télé-Québec, destinée aux ados privés d’école. « J’enseigne l’univers social, dit Marianne Verville. C’est de la vraie matière, en incorporant ce qu’on aime. On ne se dit pas professeurs, on se dit suppléants ! »

Regardez Marianne Verville dans Les suppléants