« Je me demande s’il y a des moments où, malgré tes airs assurés, tu ne te sens ni sûre de toi ni en sécurité. »

David Chariandy s’adresse à sa fille adolescente dans Il est temps que je te dise, un essai sous forme de lettre dont la traduction française vient de paraître. Marqué par James Balwin et sa légendaire lettre à sa « sœur » Angela Davis, l’auteur canadien livre un témoignage très personnel, empreint de la tendresse et de la bienveillance d’un père, mais aussi un manifeste lucide, fort bien écrit, sur le racisme ordinaire et les humiliations subies par ceux dont la peau n’a pas la blancheur attendue dans un Canada soi-disant accueillant. Né en Ontario de parents caribéens, soit d’une mère descendante d’esclaves d’Afrique de l’Ouest et d’un père dont les ancêtres sont venus d’Asie du Sud pour travailler dans les champs de canne à sucre, David Chariandy soulève également la question de l’identité, lui qui se fait inlassablement demander d’où il vient vraiment. Il est temps que je te dise est une lecture empreinte de sagesse sur une réalité qui, bien qu’elle ne soit pas au premier plan de l’actualité par les temps qui courent, demeure malheureusement trop présente.