Après le film Parasite, qui abordait la question des inégalités sociales, c’est maintenant un roman qui nous parvient de la Corée du Sud pour nous parler, cette fois, des inégalités entre les sexes.
C’est l’histoire de Kim Jiyoung, une Sud-Coréenne « ordinaire ». Au début du roman, elle a 33 ans, elle est mère d’un jeune enfant, et son comportement est de plus en plus erratique.

Victime d’une profonde dépression, elle accepte de consulter un psychiatre à qui elle racontera son histoire.

En commençant par la petite enfance où déjà, sa sœur aînée et elle sont confrontées à un traitement inéquitable de la part de leurs parents.

Même si elles vont à l’école et qu’elles doivent étudier, les deux fillettes doivent participer aux tâches ménagères. Pendant ce temps, leur petit frère a sa chambre à lui tout seul et il est toujours servi en premier aux repas, qui sont préparés et servis par les femmes de la maison.
Quand vient le temps d’aller à l’université, la sœur aînée de Jiyoung est l’objet de pressions de la part de sa mère : pourquoi ne deviendrait-elle pas institutrice ? Un métier sûr qui lui permettrait d’avoir une vie de famille.

La sœur aînée se braque et la mère accepte de laisser ses filles faire leurs propres choix. Il faut dire qu’elle est elle-même assez émancipée. C’est en effet la mère de Jiyoung qui dirige la cellule familiale et son sens des affaires permet à la petite famille de vivre confortablement.
À mesure que Kim Jiyoung vieillit, elle est confrontée aux inégalités dont sont victimes les femmes : à l’école, les garçons mangent en premier. Dans le monde du travail, c’est encore pire : sans surprise, les femmes sont moins bien payées que leurs collègues masculins. Mais ce n’est pas tout. La jeune Jiyoung, qui est la plus jeune employée de sa firme, doit aller chercher le café de collègues et leur commander leur lunch. Et c’est sans compter le harcèlement sexuel dont elle est victime.

Jiyoung fréquentera plusieurs hommes avant de se marier. À première vue, la plupart sont ouverts et progressistes. Mais le sexisme la rattrape toujours sous une forme ou sous une autre. Le coup de grâce survient lorsqu’elle donne naissance à son premier enfant et qu’elle doit se résigner à rester à la maison.

Le roman est ponctué des réflexions que se fait la jeune femme sur les nombreuses injustices dont elle est témoin, ainsi que de statistiques sur la situation des femmes en Corée du Sud. Un pays où, jusque dans les années 70, on permettait encore l’identification des sexes avant la naissance et l’avortement des fœtus féminins.

L’histoire derrière ce roman est aussi intéressante que ce qu’il raconte. Kim Jiyoung, née en 1982 est devenu un best-seller international et il a été adapté au cinéma. Publié alors que la Corée vivait son moment #metoo, dans la foulée d’un scandale politique impliquant la présidente Park Geun-hye, il s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Il a également connu un immense succès international : best-seller en Chine, à Taiwan et au Japon, il a été traduit en 18 langues.

Au fond, est-ce si étonnant ? Pas vraiment. Car l’histoire de Kim Jiyoung nous rappelle que la seule chose qui ne change pas d’un pays à l’autre et d’une culture à l’autre, c’est le sexisme à l’endroit des femmes.

Kim Jiyoung, née en 1982, Cho Nam-joo ★★★½