(Paris) Du temps, beaucoup de temps, pour lire, mais des librairies et bibliothèques fermées jusqu’à nouvel ordre... Pour permettre aux lecteurs de rester à la page pendant le confinement, les éditeurs multiplient les initiatives en ligne.

À partir de ce lundi et durant tout le temps du confinement pour cause d’épidémie de coronavirus, Le Seuil proposera ainsi, via ses comptes Facebook, Twitter et Instagram, la lecture gratuite et intégrale de livres issus des catalogues Seuil et Sous-sol.

Parmi les premiers titres offerts figure notamment Peste & choléra de Patrick Deville (prix Femina 2012).

Le groupe Editis, une filiale de Vivendi, qui fédère une cinquantaine de maisons d’édition, dont Plon, Julliard, La Découverte ou encore Robert Laffont, propose des livres numériques en accès libre ou à prix réduits.

On peut ainsi avoir accès librement à Chez soi de Mona Chollet ou Fabuler la fin du monde de Jean-Paul Engélibert, deux livres publiés à La Découverte.

Chaque lundi, Plon met un livre culte en accès libre (le premier ouvrage concerné est Le dictionnaire amoureux de la philosophie de Luc Ferry). Chez Pocket Jeunesse, depuis une semaine, l’auteur Vincent Villeminot propose tous les jours à ses lecteurs un nouvel extrait de son nouveau roman L’île via les réseaux sociaux de la maison et le mot-clic #ManuscritConfiné. Le feuilleton, adapté en audio, sera aussi mis à disposition sur les plateformes de podcast gratuites.

Entre « effondrement » et « survie »

Gallimard, de son côté, met en ligne gratuitement chaque jour de un à deux « tracts de crise » signés par les grandes plumes de la maison comme Erri de Luca, Régis Debray ou Danièle Sallenave. 23 titres sont parus à ce jour.

L’éditeur Les Liens qui Libèrent (LLL) a également prévu de rendre accessible gratuitement certains titres de son catalogue en format numérique.

Parmi les titres disponibles : Il est où le bonheur ? de François Ruffin, Avant l’effondrement, d’Yves Cochet ou Manuel de survie pour parents d’ados qui pètent les plombs.

L’éditeur a justifié la sélection de ces titres par leur caractère « essentiel » en cette période difficile.

Glénat propose une sélection de plus de 100 albums de BD à moitié prix chez tous les distributeurs numériques jusqu’au 30 avril. Le même éditeur met gratuitement en ligne chaque jour un manga sur son site internet.

Autre éditeur de BD, Le Lombard met en ligne gratuitement certains de ses albums.

Du côté des plateformes de vente de livres numériques, Scribd rend accessibles gratuitement tous les contenus de sa plateforme.

La plateforme Iznéo qui travaille en partenariat avec des éditeurs de BD comme Dargaud ou Dupuis, a mis à disposition 6000 albums issus de trente maisons d’édition, à lire pendant un mois sur son site.

Essor du livre numérique

Dans un communiqué diffusé lundi, la plateforme Youboox se félicite d’avoir gagné « plus de 100 % » de nouveaux lecteurs depuis le début du confinement.

« Nous résolvons tout simplement le problème du “ravitaillement” quotidien en lecture, étant donné que les librairies et bibliothèques sont actuellement fermées et qu’Amazon vient de suspendre les livraisons de livres », souligne Hélène Mérillon, fondatrice et présidente de cette plateforme.

La plateforme, comme la plupart de ses concurrents, profite de l’occasion pour proposer de nouveaux tarifs d’abonnement plus avantageux.

La chaîne de librairies Le Furet du Nord met à la disposition de ses lecteurs 5000 livres numériques sur son site, dont 2500 grands classiques de la littérature, pendant la période du confinement.

Les enseignes Cultura et Fnac proposent également des livres numériques gratuits.

Via son site Gallica, la Bibliothèque nationale de France (BNF) propose gratuitement des centaines de milliers d’ouvrages.

Avant l’épidémie, l’usage du livre numérique était très marginal en France.

Selon des données du Syndicat national de l’édition (SNE) de 2019, la part de ventes numériques dans les ventes totales de éditeurs représentait seulement 4,81 % en littérature.