Romancière, femme de théâtre — vous avez peut-être vu ses pièces Art ou Le dieu du carnage —, Yasmina Reza à une plume bien aiguisée, toujours élégante, et particulièrement redoutable.

Dans ce court texte — un monologue — qui sera joué au théâtre à Paris ce printemps, elle met en scène une actrice, Anne-Marie Mille, qui évoque Giselle (Gigi pour les intimes), son amie qui vient de mourir. Cette Gigi a eu plus de succès que la narratrice et on sent très bien poindre une certaine jalousie dans l’hommage que lui rend son amie. Anne-Marie raconte avec un humour grinçant, et beaucoup de nostalgie, l’histoire de cette fameuse Gigi. À travers les souvenirs, les rivalités professionnelles et une admiration doublée d’une pointe d’envie, elle fait revivre leur amitié, mais aussi le milieu du théâtre parisien, ses acteurs, ses anecdotes. Bref, une époque lointaine et oubliée aujourd’hui.

Anne-Marie la beauté, Yasmina Reza, Flammarion, 96 pages

★★★