(Paris) L’éditrice française Vanessa Springora qui a dénoncé dans un livre sa relation sous emprise quand elle était mineure avec l’écrivain Gabriel Matzneff, était entendue mercredi par les enquêteurs à Paris, a-t-on appris de sources proche de l’enquête et judiciaire, confirmant une information du Parisien.

L’éditrice de 47 ans, qui n’a jusqu’ici pas souhaité porter plainte, était auditionnée par les policiers de l’Office central de répression des violences faites aux personnes (OCRVP), chargés de l’enquête visant l’écrivain, aujourd’hui âgé de 83 ans.

Vanessa Springora a publié début janvier un roman autobiographique, Le consentement, où elle décrit comment elle a été séduite par Gabriel Matzneff alors qu’elle n’avait pas encore 14 ans, dans les années 80. Le 3 janvier, le lendemain de la parution du livre, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « viols commis sur mineur » de moins de 15 ans.

L’ouvrage de Vanessa Springora, devenu un événement de la rentrée littéraire, décrit aussi un homme au comportement de prédateur, faisant du tourisme sexuel en Asie.

« Au-delà des faits décrits par Vanessa Springora », manifestement prescrits la concernant, l’enquête doit s’attacher « à identifier toutes autres victimes éventuelles ayant pu subir des infractions de même nature sur le territoire national ou à l’étranger », avait indiqué le 3 janvier le procureur de Paris Rémy Heitz.

Vanessa Springora est la première à témoigner parmi les adolescentes séduites par Gabriel Matzneff, dont le comportement, décrit dans ses propres livres, a longtemps été toléré dans le monde littéraire parisien. En 2013, il avait obtenu le prix Renaudot essai.

Dans une entrevue à BFMTV diffusée mercredi, Gabriel Matzneff a affirmé « regretter » ses pratiques pédophiles passées en Asie, tout en faisant valoir qu’« à l’époque », « jamais personne ne parlait de crime ».

« C’était il y a plus de 40 ans. […] Vous étiez là comme voyageur et vous aviez des garçons et des filles jeunes qui vous draguaient et vous sautaient dessus, sous l’œil bienveillant de la police », a-t-dit dans cet entretien accordé en Italie, où il se trouve depuis que l’affaire a éclaté.

L’écrivain, qui a accepté d’être filmé sans montrer son visage, a dit ne pas avoir « envie de lire » le livre de Vanessa Springora. Il avait estimé début janvier dans une lettre ne pas mériter « l’affreux portrait » publié par l’éditrice.