(Paris) L’écrivaine française Ariane Fornia, qui avait accusé l’ancien ministre Pierre Joxe d’agression sexuelle lors d’une soirée à l’opéra en 2010, a été condamnée mercredi à Paris pour diffamation, le tribunal considérant qu’elle a jeté sur lui le « discrédit et l’opprobre » sans étayer ses accusations.

En octobre 2017, en pleine éclosion de la vague #metoo, Ariane Fornia, fille de l’ex-ministre Éric Besson, avait accusé M. Joxe de lui avoir mis à plusieurs reprises la main sur la cuisse, la remontant « vers (son) entrejambe » lors d’une représentation à l’Opéra Bastille à Paris en mars 2010.

Dans un billet de blogue, la jeune femme, de son vrai nom Alexandra Besson, avait décrit un « ancien ministre de (François) Mitterrand », avant d’accuser nommément Pierre Joxe dans le magazine L’Express.

M. Joxe avait dénoncé « un tissu de contre-vérités » et demandé « des excuses écrites et publiques », ce que l’écrivaine s’était refusée à faire. Il l’avait alors assignée en diffamation.

Mercredi, le tribunal judiciaire a condamné Ariane Fornia à verser à Pierre Joxe un euro (1,45 $) symbolique de dommages et intérêts ainsi que 3000 euros (4375 $) au titre des frais de justice.

Ariane Fornia se devait « de disposer d’éléments lui permettant de soutenir les faits qu’elle dénonçait publiquement », a expliqué le tribunal dans son jugement, consulté par l’AFP. « Or précisément, les pièces produites […] ne démontrent pas qu’elle avait les éléments lui permettant de dénoncer les faits d’agression sexuelle à l’encontre de M. Pierre Joxe », ont considéré les juges.

Le tribunal a rappelé « que Mme Alexandra Besson n’a pas déposé plainte, que Monsieur Joxe n’a pas été inquiété judiciairement pour ces faits et qu’il n’y a pas de témoignage direct des faits dénoncés ».

PHOTO JOËL SAGET, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Pierre Joxe, ancien ministre de François Mitterrand

« Je persiste et signe », avait déclaré Ariane Fornia, 30 ans, lors d’une audience tendue, le 18 novembre. « Ce que j’ai dit est l’exacte vérité et je suis sûre que M. Joxe le sait très bien ».

L’écrivaine avait produit des pièces pour attester qu’elle avait raconté ces faits à des proches dès 2010 ou 2011.

Sa défense avait également fait état du récent témoignage d’une ancienne employée à domicile de Pierre Joxe qui l’accuse d’agression et harcèlement sexuels en 2018, et dont la plainte a mené à l’ouverture d’une enquête en novembre.

Pierre Joxe, 85 ans, avait quant à lui dénoncé « injures » et « calomnies ». « Jamais de ma vie, ni là ni ailleurs, je ne me suis conduit comme elle le raconte », avait affirmé l’ancien ministre, devenu avocat.

L’écrivaine va faire appel, selon son avocat.

« Pierre Joxe est très soulagé parce qu’il a passé deux ans avec cette accusation parfaitement déshonorante », a réagi son défenseur, Me Jean-Yves Dupeux. « Le tribunal le rétablit dans son honneur ».

Les faits dénoncés par l’écrivaine étaient dans tous les cas prescrits.