L’ex-Bleu Poudre Ghislain Taschereau, père de l’Inspecteur Specteur, n’aime pas se sentir à l’étroit. Alors, pour relâcher un peu les cordons du caleçon de la bienséance, l’homme n’a pas hésité à enfanter en 2020 sa propre maison d’édition (L’Individu), histoire d’avoir les mains libres pour pondre les romans irrévérencieux qu’il veut. Ainsi naquit un premier petit monstre, dans la collection HilareCoquin (clin d’œil !), Les dents de l’amour.

Ça fait sourire avant même l’incipit : « Traduit du roumain par un traducteur ». Ce dernier fut probablement fort diverti de recomposer l’histoire de Draculotte, fille adoptive du plus grand vampire de l’Histoire, éprise d’un humain et résolue à garder sa main. Mais certains ne l’entendent pas de cette oreille, tandis que la tension gronde à Bucarest entre les créatures aux canines aiguisées et les « sous-dentés ».

Acidité, hémoglobine et lubricité forment ici les ingrédients d’un cocktail décapant et plutôt tordant, servi avec un doigté humoristique cru, mais habile, pour qui apprécie le jus de calembours audacieux. On rit aigre, on grimace. Même si Taschereau n’a pas la langue dans sa poche, celle servie dans ce premier livre de poche est à même de nous détendre. Les snobs des Belles Lettres n’auront qu’à aller pomper d’autres jugulaires.

Les dents de l’amour
Ghislain Taschereau
Éditions de l’Individu
168 pages
★★★½