Circonscrit à un sujet très ciblé de l’histoire, ce livre est néanmoins traversé d’une passion contagieuse. Bref, c’est accessible ! On apprend. Beaucoup !

Par exemple, que l’élite québécoise, scientifique, culturelle, politique, économique, n’est pas née avec la Révolution tranquille. Cette émergence remonte à 40 ans en amont avec des programmes de bourses d’études dont des centaines de futurs médecins, économistes, historiens, artistes et autres ont profité. Avec les encouragements des gouvernements fédéraux et provinciaux qui ont tous compris (oui, même Duplessis) l’importance cruciale de la formation universitaire.

Après une entrée en matière trop farcie de chiffres, les chapitres suivants nous convient à suivre les boursiers en Europe comme aux États-Unis. Chacun a sa singulière biographie en quelques paragraphes. On bute sur plusieurs noms connus : Pierre Dupuy, Alfred Pellan, Hélène Loiselle. Mais ce sont souvent les moins connus qui apportent le zeste du récit. Comme ce Gérard Caron, virtuose de l’orgue, qui a joué au mariage d’Édith Piaf ! Vrai : ils ne sont pas nés avec la Révolution tranquille. Mais ils ont été dans l’antichambre, et un des vecteurs de l’émancipation fulgurante des années 1960.

★★★½

La formation d’une élite – Les bourses d’études à l’étranger du gouvernement québécois (1920-1959), Robert Gagnon et Denis Goulet, Boréal, 544 pages.