Cet automne, plusieurs auteurs chouchous du public québécois proposent de nouveaux titres dans lesquels se plonger sans retenue. Voici notre sélection pour entamer la saison froide en bonne compagnie.

À train perdu

Jocelyne Saucier
XYZ
9 septembre

Neuf ans après l’immense succès d’Il pleuvait des oiseaux, qui lui a valu de nombreux honneurs, a été traduit en 15 langues et adapté avec succès au cinéma l’an dernier par Louise Archambault, Jocelyne Saucier a enfin un nouveau roman à livrer aux lecteurs. Avec ses légendes du Nord et ses trains qui avancent lentement dans la nuit, ce cinquième roman de l’autrice abitibienne est une histoire d’errance et de liberté, dont le personnage central est, encore une fois, une personne âgée. (J. L.)

Rayonnements

PHOTO FOURNIE PAR LEMÉAC

Rayonnements, Ying Chen, Leméac

Ying Chen
Leméac
9 septembre

Née à Shanghai, Ying Chen s’est installée à Montréal en 1989 et vit aujourd’hui à Vancouver. Depuis, elle a publié une douzaine de romans et des essais. Rayonnements s’inscrit dans le sillage de son précédent, Blessures, consacré au destin de Norman Bethune, un médecin canadien. Cette fois, elle aborde de façon sensible et tout en retenue la vie de Marie Curie et de sa fille Irène, qui l’assista dans les champs de bataille puis dans son laboratoire. Et ce, sans jamais les nommer directement ni évoquer d’éléments historiques, se concentrant sur leurs destinées exemplaires. (I. G.-P.)

L’avenir

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L’avenir, Catherine Leroux, Alto

Catherine Leroux
Alto
15 septembre

Depuis son premier roman, La marche en forêt (2011), Catherine Leroux a bâti en seulement trois livres une œuvre solide aux riches et nombreuses couches, alors que chacun d’entre eux lui a valu prix et nominations. Celle qui est aussi une excellente traductrice (prix du Gouverneur général pour sa traduction de Nous qui n’étions rien, de Madeleine Thien) n’avait rien publié depuis son recueil de nouvelles, Madame Victoria, en 2015. Elle est de retour avec L’avenir, dont la protagoniste, Gloria, vit dans une « version imaginée » de Detroit. Catherine Leroux devrait encore une fois frapper fort dans ce roman de fin du monde et de renaissance, inspiré de la crise sociale et climatique. (J. L.)

Fais de beaux rêves

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Fais de beaux rêves, Virginie Chaloux-Gendron, Boréal

Virginie Chaloux-Gendron
Boréal
22 septembre

Ils sont nombreux, cet automne, les auteurs québécois qui publient un premier roman. Celui de Virginie Chaloux-Gendron, qui a déjà à son actif un recueil de poèmes, attire l’attention avec sa prémisse sur « le vertige de donner naissance à un enfant ». Habitée jusqu’aux os par une pulsion d’anéantissement, la narratrice se bat contre des forces sombres, ne cesse d’imaginer la mort de son enfant. Imaginer la fin pour ne pas perdre la vie, pour arriver, peut-être, à briser une violence familiale qui se transmet de génération en génération. (I. G.-P.)

L’absente de tous bouquets

PHOTO FOURNIE PAR HÉLIOTROPE

L’absente de tous bouquets, Catherine Mavrikakis, Héliotrope

Catherine Mavrikakis
Héliotrope
30 septembre

Figure incontournable de la littérature contemporaine québécoise, Catherine Mavrikakis a signé une dizaine de romans, traduits en plusieurs langues et maintes fois récompensés. L’absente de tous bouquets se pose comme une invitation à la conversation d’une fille à sa mère disparue. Ici, le bouquet sert de métaphore à ce jardin littéraire où la beauté peut éclore malgré les écueils, alors que l’autrice se questionne de manière sensible sur la façon de refleurir ce qui a fané, et celle dont la peine peut mener vers la joie. (I. G.-P.)

Pleurer au fond des mascottes

PHOTO FOURNIE PAR QUÉBEC AMÉRIQUE

Pleurer au fond des mascottes, Simon Boulerice, Québec Amérique

Simon Boulerice
Québec Amérique
6 octobre

Avec leur Collection III, les éditions Québec Amérique invitent des auteurs à partager trois récits inspirés de moments marquants de leur vie. Fiction ou réalité ? Sans doute un peu des deux. Simon Boulerice se prête au jeu avec Pleurer au fond des mascottes. Ce faisant, il plonge sous la surface et nous invite à découvrir ce qui se cache derrière sa bonhomie, sa légèreté et son sourire continuels. Un récit à la fois touchant et drôle, qui nous fait découvrir autrement celui qui s’est notamment illustré dans le domaine de la littérature jeunesse. (I. G.-P.)

Faire les sucres

PHOTO FOURNIE PAR CHEVAL D’AOÛT

Faire les sucres, Fanny Britt, Cheval d’août

Fanny Britt
Cheval d’août
7 octobre

Fanny Britt a fait sa marque dans le milieu littéraire québécois, que ce soit comme autrice de pièces de théâtre, de romans graphiques, sans oublier ses essais féministes qui ont beaucoup résonné, Les tranchées et Les retranchées, et fait d’elle l’une des voix les plus pertinentes de sa génération. Après Les maisons, voici qu’elle nous offre Faire les sucres, un roman choral et social ambitieux qui ausculte la dislocation d’un couple de privilégiés en abordant de façon à la fois cinglante et sensible la question de nos privilèges, de l’exploitation et des liens qui nous unissent les uns aux autres. (I. G.-P.)

Méduse

PHOTO FOURNIE PAR ALTO

Méduse, Martine Desjardins, Alto

Martine Desjardins
Alto
15 octobre

Martine Desjardins aime les univers baroques, les mondes légèrement surréalistes, les images qui surprennent et dérangent. Méduse semble être une sorte de conte dans lequel une jeune femme difforme est chassée du foyer familial puis confinée à l’abri des regards, question de ne pas choquer un monde lisse qui n’en a que pour la perfection. Son éditeur, Alto, décrit ainsi ce sixième roman de l’autrice du Cercle de Clara et de Maleficium : « Récit incendiaire sur la honte du corps, l’oppression et le pouvoir de la féminité, Méduse opère un renversement des rapports de force et jette une lumière à la fois crue et raffinée sur la monstruosité. » (J. L.)

Le dessinateur

PHOTOU FOURNIE PAR LÉVESQUE ÉDITEUR

Le dessinateur, Sergio Kokis, Lévesque Éditeur

Sergio Kokis
Lévesque Éditeur
20 octobre

Né au Brésil, Sergio Kokis vit au Québec depuis des années. Il s’est fait connaître avec le salué Le Pavillon des miroirs, en 1994. Depuis, il a écrit une vingtaine de romans. Avec Le dessinateur, il nous transporte au cœur du Goulag, en Sibérie, à l’époque de Staline, alors que le peintre Oleg Boulatov y est envoyé, accusé de crime idéologique. On y plonge dans les horreurs du Goulag, certes, mais Le dessinateur est aussi et surtout une lettre d’amour à l’art et pose l’importante question : à qui appartient-il ? (I. G.-P.)

Em

PHOTO FOURNIE PAR LIBRE EXPRESSION

Em, Kim Thúy, Libre Expression

Kim Thúy
Libre Expression
4 novembre

Dévoilée au public avec Ru, en 2009, Kim Thúy s’est depuis hissée au rang des romanciers favoris des Québécois. Depuis, son parcours est ponctué de succès et de reconnaissances. Son petit dernier, Em, est décrit comme le plus audacieux de son corpus, en s’inspirant d’un fait historique, l’opération Babylift, qui a évacué en 1975 des milliers d’orphelins de Saigon. Au passage, elle aborde des sujets comme l’industrie des salons de manucure et du vernis à ongles, et les plantations de caoutchouc. (I. G.-P.)

À suivre

À 95 ans, Janette Bertrand offre un nouveau roman au titre évocateur, Un viol ordinaire, poursuivant sa mission, celle de défendre l’égalité entre les hommes et les femmes (Libre Expression, 28 octobre).

Le comédien et auteur Patrice Godin, poursuit le chemin entamé avec Sauvage, baby dans la suite Les chiens, un roman sur la folie et la violence des hommes (23 septembre, Libre Expression).

La journaliste et féministe affirmée Elisabeth Massicolli offre un premier roman réussi avec La bouche pleine, où son personnage, Camille, une milléniale « anxieuse au cœur poqué », tente tant bien que mal de naviguer dans un Montréal parfois trash où se succèdent les rencontres vides de sens (8 septembre, Québec Amérique).

Avec Chérie, Cynthia Massé (lauréate du prix du récit de Radio-Canada pour sa nouvelle Le réfrigérateur) aborde sans pincettes la question de la compétition entre femmes (22 septembre, Tête Première).

L’animatrice et chroniqueuse Josée Blanchette brise les tabous et s’inspire de ses propres expériences avec Mon jeune amant français, une réflexion autour de la séduction chez les femmes cinquantenaires, polyamour et drogues chamaniques incluses (23 septembre, Druide).

Ayant des affiliations avec Hervé Jodoin, personnage principal du Libraire, classique de la littérature québécoise de Gérard Bessette, le narrateur existentialiste de La mort d’un commis de dépanneur, de l’auteur Jean-François Aubé, raconte avec humour noir son quotidien (20 octobre, Lévesque Éditeur).

Avec le roman de science-fiction Dévorés, Charles-Étienne Ferland nous plongeait dans un monde dystopique où des guêpes géantes et voraces déciment la race humaine ; il offre une suite attendue avec Métamorphoses, qui se déroule un an plus tard, un récit apocalyptique qu’on dit sombre et haletant (4 novembre, Interligne).