En France, la pandémie n’a pas trop nui à la vitalité du monde de l’édition : 511 nouveaux romans seront publiés cet automne, soit seulement 13 de moins que l’an dernier. Dans cette avalanche de livres, il y aura des surprises, des découvertes et des succès qu’on n’avait pas vus venir. En attendant de tout lire (ou presque), on vous propose 10 titres que nous attendons avec impatience ou curiosité.

Yoga

Emmanuel Carrère, P. O. L.

Septembre

Emmanuel Carrère n’a rien publié depuis 2014. C’est un euphémisme de dire que Yoga est un des titres les plus attendus de la rentrée française. Cette fois, l’écrivain, qui aime bien se mettre en scène dans ses romans, nous entraîne dans une retraite de méditation brutalement interrompue par l’attentat de Charlie Hebdo. Il y est question de dépression, de bipolarité et de son internement durant quatre mois à l’hôpital Sainte-Anne. Génie littéraire ou grand narcissique ? Un peu des deux, assurément.

Chavirer

Lola Lafon, Actes Sud
Août

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Chavirer, de Lola Lafon

Cléo rêvait de devenir danseuse, mais elle est happée dans un réseau où elle sera tour à tour victime et bourreau. Après s’être glissée dans la peau de Nadia Comaneci, puis avoir revisité le kidnapping de Patty Hearst, Lafon – qui adopte toujours un point de vue hyper original pour parler de la condition des femmes –plonge cette fois-ci dans une histoire de réseau pédophile qui n’est pas sans rappeler l’affaire Epstein. Un roman complexe raconté de manière admirable.

Le cœur synthétique

Chloé Delaune, Seuil
Septembre

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Le cœur synthétique, de Chloé Delaune

Adélaïde se retrouve célibataire à 47 ans. Constatant qu’elle est devenue invisible dans le regard des hommes, elle s’interroge à savoir s’il y a une vie en dehors du couple. Un roman à la fois déprimant et hilarant sur les affres du vieillissement au féminin, mais surtout, une formidable ode à l’amitié entre femmes. Les fans de Chloé Delaume, figure importante de l’autofiction expérimentale en France, seront peut-être décontenancés par cette proposition plus grand public.

Les aérostats

Amélie Nothomb, Albin Michel
Août

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Les aérostats, d’Amélie Nothomb

C’est la fin de l’été, les soirées rafraîchissent et Amélie Nothomb publie un nouveau roman. Il s’agit du 29titre de la prolifique Belge qui, pour la première fois, campe son histoire dans son pays natal. Ange Daulnoy est étudiante en philologie à Bruxelles. Elle est également tutrice d’un gamin qu’on dit atteint de dyslexie. Elle l’initiera à la lecture avec l’Iliade. Ce livre est, dit-on, une véritable ode à la littérature.

La petite dernière

Fatima Daas, Notabilia
Septembre

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La petite dernière, de Fatima Daas

Quand un premier roman est précédé d’un bon mot de Virginie Despentes, on se dit qu’on va y porter attention. Premier constat : le texte se lit comme un long monologue. La forme est actuelle, et son propos l’est tout autant. Comment s’épanouir comme jeune homosexuelle quand on vient d’une famille d’origine algérienne plutôt traditionnelle ? Comment faire honneur à nos propres aspirations sans renier une partie de son identité ? Fatima Daas, une voix qui va compter.

Le Temps gagné

Raphaël Enthoven, L’Observatoire

Septembre

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Le Temps gagné, de Raphaël Enthoven

Enthoven est un philosophe hyper médiatisé en France et son histoire personnelle se lit comme les pages du Paris Match. Conjoint d’Adèle Van Reeth (Les chemins de la philosophie), ex de Justine Levy (fille de BHL), père du premier fils de Carla Bruni (vous suivez toujours ? ), Enthoven règle ses comptes avec beaucoup de monde, dont ses parents, dans ce livre de plus de 500 pages qui fait jaser à Paris. À classer dans la catégorie « littérature de vengeance ».

Saturne

Sarah Chiche, Seuil
Septembre

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Saturne, de Sarah Chiche

C’est le quatrième roman de Sarah Chiche qui, en plus d’écrire, est aussi psychologue clinicienne. Comme dans ses livres précédents, Chiche puise à même son histoire familiale – elle est psychanalyste, après tout ! –et raconte la mort de son père qui l’a laissée orpheline à un très jeune âge. On dit de Saturne que c’est un roman magnifique pour les endeuillés. Mais pas que.

Les évasions particulières

Véronique Olmi, Albin Michel
Septembre

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Les évasions particulières, de Véronique Olmi

Son roman précédent, Bakhita, a connu un vif succès. Olmi nous propose cette fois une saga familiale centrée sur l’histoire de trois sœurs, de mai 68 à l’arrivée au pouvoir des socialistes, au début des années 80. À travers l’histoire de cette famille, c’est une période charnière de l’histoire de la France que l’autrice raconte, marquée entre autres par l’émancipation des femmes et les mouvements de protestation en Occident.

Les démons

Simon Liberati, Stock
Septembre

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Les démons, de Simon Liberati

Après Eva, un roman remarqué dans lequel il brossait le portrait de sa compagne Eva Ionesco, jeune femme au destin tragique manipulée par sa mère qui la faisait poser nue à l’âge de 6 ans, Liberati est de retour avec son ton un peu exalté et ses atmosphères décadentes. Cette fois, il invente le destin d’une fratrie dans la France de la fin des années 60. Les Tcherepakine sont des Russes blancs émigrés à Paris, ils font la noce avec comme toile de fond la guerre du Viêtnam, les mouvements de libération et la drogue qui circule à fond. Tragédie à l’horizon.

Du côté des Indiens

Isabelle Carré, Grasset

Août

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Du côté des Indiens, d’Isabelle Carré

Deuxième roman de l’actrice dont le premier, Les rêveurs, avait été plutôt bien accueilli. Un petit garçon, Ziad, visite la voisine, Muriel, qui se prend d’affection pour lui. Muriel est actrice et elle a vécu une expérience qui s’inscrit tout à fait dans la mouvance de l’affaire Weinstein et du mouvement #metoo. Isabelle Carré en profite pour nous décrire les plateaux de tournage français, des passages plutôt savoureux dans un livre qui confirme que l’actrice est aussi, désormais, une écrivaine.

On a aussi hâte de lire…

Parmi les 511 nouveaux titres de la rentrée française, ces titres ont également attiré notre attention.

Muriel Barbery (qu’on a connue avec L’élégance du hérisson) nous revient avec Une rose seule (Flammarion), une histoire intime qui se déploie dans les jardins de Kyoto. On retrouvera aussi avec bonheur la plume élégante d’Alice Ferney dans L’intimité (Actes Sud), qui explore les différentes formes que prend la quête de bonheur individuel. Camille Laurens, qui avait frappé fort avec Celle que vous croyez, nous propose cette fois un roman féministe sur l’éducation des filles avec Fille (Gallimard). Julia Kerninon (autrice du très beau Ma dévotion) fait paraître Liv Maria (Annika Parance), une belle histoire de quête de liberté au féminin. Notre curiosité est également piquée par Bénie soit Sixtine (Julliard), de Maylis Adhémar, l’histoire de l’émancipation d’une femme prisonnière d’un mariage malheureux. Ce premier roman marque les débuts de Vanessa Springora (Le consentement) comme éditrice. La touche-à-tout Laure Adler se questionne sur le vieillissement dans un récit intime, mi-réflexion mi-enquête, La voyageuse de nuit (Grasset). Deux ans après Chien-loup, Serge Joncour publie Nature humaine (Flammarion), un grand roman écologique. Enfin on a entendu des échos très positifs en provenance de la France à propos de Ce qu’il faut de nuit, de Laurent Petitmangin (La Manufacture de Livres), une plongée dans l’âme masculine avec l’histoire d’un père et de ses deux fils.