Il y a 10 ans, la petite Hortense, 4 ans, a disparu après avoir échappé quelques secondes à la vigilance de sa mère.

Dix ans plus tard, une nouvelle famille s’installe en face de chez ses parents, et la mère reconnaît sa fille dans l’adolescente de la maison. Avec une narration à la première personne, Marche blanche est une plongée au plus profond d’un esprit dérangé, et ne laisse pas beaucoup de place pour respirer. C’est qu’elle ne va pas bien, cette femme, elle ne supporte plus personne autour d’elle, pas même son mari Carl, qui est pourtant devenu son paravent contre l’extérieur – tellement qu’on se demande pourquoi ces deux-là sont encore ensemble. Avec son écriture qui suit les méandres de la pensée de la narratrice, Claire Castillon tourne en rond avec elle : sa vie s’est arrêtée il y a 10 ans, et elle ressasse constamment les mêmes questions, les mêmes doutes, les mêmes angoisses.

L’autrice française s’approche ainsi au plus près de la folie, dans une ambiance de thriller et de mystère franchement bien mise en place. Par contre, toute cette précision et cette finesse d’observation finissent par créer un certain agacement au détriment de l’empathie, et le revirement final ne vient pas arranger les choses. C’était probablement le but recherché, mais disons qu’on ne ressort pas de Marche blanche avec un sentiment de bien-être. À lire si une tentative de mettre en mots la folie nous intéresse, mais en ces temps de confinement, ce roman noir et sans issue n’est vraiment pas pour tout le monde.