On connaît peu Blandine de Caunes au Québec (ex-actrice, elle a également travaillé dans le milieu de l’édition), mais on connaît très bien sa célèbre mère : Benoîte Groult, autrice d’une vingtaine de livres dont Journal à quatre mains, avec sa sœur Flora, Ainsi soient-elles, Les vaisseaux du cœur, etc.

Dans La mère morte, Blandine raconte la longue déchéance physique et intellectuelle de Benoîte, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ceux et celles qui ont déjà côtoyé cette maladie en reconnaîtront les nombreuses étapes : les oublis de plus en plus nombreux, les impatiences, la colère, la frustration. Puis les dernières fois (dernière promenade en auto, dernier repas consistant, dernier verre de vin), les amis qui se font de plus en plus rares (Denise Bombardier et son mari Jim sont parmi les proches qui sont restés fidèles jusqu’à la fin). Blandine de Caunes ne nous épargne rien des détails de la déchéance de sa mère. C’est direct, cru, franc. Certains diront impudique, mais pour qui a déjà lu Benoîte Groult, c’est le ton privilégié dans cette famille où on se dit les vraies choses.

Une famille mise à rude épreuve puisqu’un drame horrible et cruel vient bouleverser la vie de la narratrice et donner tout son sens au titre du livre (on ne révélera rien pour ceux et celles qui ne connaissent pas toute l’histoire). Ce sont les pages les plus émouvantes et douloureuses du livre.

À la fin, les filles de Benoîte Groult, qui militait en faveur de l’aide médicale à mourir, ont décidé d’honorer les dernières volontés de leur mère. Avec la complicité d’un ami médecin belge, elles ont abrégé ses jours. Elle est décédé le 20 juin 2016 à l’âge de 96 ans. « Elle nous a donné la vie, on lui a donné la mort », écrit Blandine de Caunes.

La mère morte, Blandine de Caunes, Stock, 272 pages ★★★½