Désormais, ma demeure est un livre brillant, érudit, superbement écrit. Un récit-essai-poésie dans lequel tous les gens qui ont côtoyé la dépression peuvent se reconnaître. La maladie a amené Nicholas Dawson à écrire ce livre qui manie habilement trois genres cousins, éminemment subjectifs et profondément personnels, qui se superposent en fragments.

L’auteur ne fait pas que raconter sa dépression, il la théorise et la poétise : « ma tête, tous les jours, repose à l’agonie ». Il la transcende surtout en tant que partie prenante d’un processus queer qui le libère et justifie sa présence au monde. Comme si ce deuil de quelque chose en soi était aussi (re)naissance.

Racialisation, marginalisation, d’abord douleurs, deviennent des outils pour créer. On sent le jeune homme aux origines chiliennes fortement attaché à sa famille, seul véritable socle, même s’il est aussi friable que lui, auquel il peut se rattacher. Les métaphores sont fortes et claires. L’esprit de l’auteur nous entraîne dans une réflexion féconde et sensible, marquée par des autrices fabuleuses comme Ann Cvetkovich et Siri Hustvedt.

Nicholas Dawson possède désormais sa demeure.

Désormais, ma demeure, Nicholas Dawson, Triptyque Queer, 169 pages

★★★★