(Paris) Le romancier afro-américain Ernest J. Gaines est décédé mardi des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 86 ans, a-t-on appris vendredi auprès de son éditeur français.

L’écrivain était notamment l’auteur de Colère en Louisiane, adapté au cinéma par le réalisateur Volker Schlöndorff, et d’Autobiographie de Miss Jane Pittman, considéré comme son chef-d’œuvre.

Il est mort chez lui, à Oscar en Louisiane, a précisé son éditeur.

Ernest J. Gaines était « un géant au regard triste », a réagi son éditrice Liana Levi qui a publié tous ses livres en français.

« Du haut de sa stature imposante, Ernest J. Gaines remplissait l’espace de ce regard, un regard qui laissait deviner l’enfant qu’il avait été lorsqu’à l’âge de neuf ans il ramassait des pommes de terre sur les plantations du sud des États-Unis. J’aurais aimé le voir sourire, mais non, l’occasion ne lui en a pas été donnée », a ajouté l’éditrice.

Il a publié huit romans et plusieurs nouvelles, disponibles en France chez Liana Levi et traduits par Michelle Herpe-Voslinsky.

« Repose en paix Ernest J. Gaines. Disparition de l’immense écrivain américain, témoin de notre condition in (humaine). Relisons son magistral Dites-leur que je suis un homme ou encore son Autobiographie de Miss Jane Pittman », a posté l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou sur son compte Twitter.

Ernest J. Gaines est né en 1933 dans une plantation de Louisiane. « Enfant, comme les anciens n’étaient pas allés à l’école, je lisais et écrivais leurs lettres… D’une certaine manière, c’est là que tout est né, je continue à écrire leurs lettres », se rappelait l’écrivain.

À 15 ans, il quitte le Sud pour rejoindre sa mère en Californie. Durant ses études, il dévore les nouvelles de Maupassant, les classiques russes, mais regrette que « son monde » ne figure pas dans les livres. Il décide donc d’écrire pour le mettre en scène. Ses premières nouvelles paraissent dans un magazine en 1956. Plusieurs recueils et romans suivront.

Son œuvre est une des rares à dépeindre un Sud en évolution, où le changement est envisageable, où les Noirs de la nouvelle génération s’opposent aux anciens dans une quête résolue de dignité.

L’écrivain était considéré comme l’un des auteurs majeurs du « roman du Sud ». Il avait reçu le prix de la critique américaine en 1994 pour Dites-leur que je suis un homme.

En 2012, le président Barack Obama lui a décerné la Médaille nationale des arts. Il était Chevalier des arts et des lettres en France depuis 2000.