Il était attendu, ce dernier tome de la série Millénium signé David Lagercrantz, l’avant-dernier étant paru il y a déjà deux ans. L’auteur qui a repris le flambeau s’était engagé à n’écrire que trois romans avec les personnages créés par Stieg Larsson, et le voilà arrivé au bout de sa mission avec La fille qui devait mourir.

Les personnages si particuliers de l’univers de Millénium reviennent toutefois dans cet ultime épisode, il faut l’admettre, avec un brin de réserve.

Le journaliste Mikael Blomkvist est dès le départ d’humeur massacrante, blasé et peu motivé à travailler sur son reportage lié au krach boursier. D’autant plus qu’il se fait du souci pour Lisbeth Salander, qui a déserté son appartement de Stockholm et ne donne plus aucun signe de vie.

C’est à peine si le célèbre journaliste d’enquête s’intéresse au coup de fil qu’il reçoit de la médecin légiste Fredrika Nyman : celle-ci est préoccupée par l’inaction de la police devant la mort d’un mendiant que personne n’arrive à identifier, et qui portait sur lui le numéro de téléphone de Blomkvist.

Le journaliste finit quand même par se pencher sur le cas et sollicite l’aide de Lisbeth pour analyser l’ADN de la victime.

La redoutable pirate informatique choisit enfin de se manifester pour l’aider, mais, obnubilée par le passé, elle n’est plus que l’ombre de celle qu’on a précédemment connue. Jusqu’alors terrée en Russie, Lisbeth cherche à neutraliser son ennemie mortelle, sa sœur Camilla.

L’équation est simple : l’une des deux doit mourir.

Or, Camilla peut compter sur des appuis de taille au sein de la mafia russe. Et Lisbeth est littéralement paralysée par les images de son enfance, en particulier les souvenirs de son père, Alexander Zalachenko, qui compromettent sa capacité à réussir sa mission.

Enquête et piratages

Communications cryptées, caméras de surveillance contrôlées à distance… on est toujours à un cheveu d’un serveur piraté, mais bien loin, dans ce dernier tome, de l’univers sombre et violent des premiers romans.

Lagercrantz ne nous réserve par ailleurs que peu de surprises et semble avoir été expéditif dans sa manière de conclure la série.

Même si l’enquête pour trouver l’identité et la cause de la mort du mendiant anonyme est passionnante, Lagercrantz sème plusieurs pistes parallèles potentiellement intéressantes — ayant trait notamment à des usines à trolls russes très d’actualité —, sans toutefois les creuser (et c’est bien dommage). Il faut dire, cependant, que ce titre est le moins volumineux des six livres — et on en ressent les effets sur la densité de l’intrigue.

N’empêche, la barre était haute dès le départ pour Lagercrantz, qui a néanmoins réussi imprimer à Millénium son propre ton. Et on ne pourrait quand même pas passer à côté de la finale d’une série qui a fait couler autant d’encre au cours de la dernière décennie, et dont les péripéties derrière la publication sont une véritable saga en soi.

★★★½
Millénium 6 —La fille qui devait mourir.
David Lagercrantz. Actes Sud. 384 pages. En librairies le 22 août.