On a dit tout et son contraire sur Lolita Pille, dont le premier roman, Hell, publié en 2002 alors qu’elle n’avait que 17 ans, commençait par la phrase « Je suis une pétasse ». Des mots qui lui ont collé à la peau et ont fait grand bruit, réduisant l’autrice à son personnage de façon parfois violente.

Les deux autres romans de celle qui a été révélée au monde grâce à Frédéric Beigbeder, devenu son ami, étaient plutôt passés inaperçus.

Voilà qu’après près de 10 ans de réclusion à Brest, elle revient avec Eléna et les joueuses, un roman ambitieux sur le plan du style littéraire, truffé de métaphores parfois percutantes, parfois tirées par les cheveux, qui captive et énerve à la fois.

Tel est aussi le sentiment qu’on ressent devant le personnage d’Eléna, une ancienne joueuse de tennis sans esprit compétitif qui, à 31 ans, n’a plus un sou – son père, qu’on comprend fraudeur, a tout perdu –, plus d’avenir et, en vient-on à soupçonner, plus envie de vivre.

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Eléna et les joueuses, de Lolita Pille

On suit ses pérégrinations désabusées au cours d’une journée dans un Paris caniculaire, sur fond de violente manifestation, alors que se dévoilent, couche par couche, les pans de son passé et que se désagrège son présent.

Entre autodérision et envolées furieusement lucides sur l’état du monde et la médiocrité de l’existence, le roman prend des accents tragiques enveloppés d’une atmosphère post-apocalyptique.

Nul doute, l’autrice a trouvé sa voix littéraire, mais avec son style implacable, déroutant et sans concession, elle ne plaira pas à tous.

★★★½ Eléna et les joueuses. Lolita Pille. Éditions Stock. 272 pages.