Cem a 16 ans lorsqu’il passe un été comme apprenti auprès d’un expert dans le creusage des puits, aux abords d’Istanbul. Son père a disparu de nouveau, le laissant seul avec sa mère et contraint de travailler pour payer ses cours.

Le maître puisatier devient pour lui un père de remplacement : Cem le craint et l’admire, cherche sans cesse son approbation. Puis, au village où ils se rendent tous les soirs, le jeune homme rencontre une comédienne dont il tombe éperdument amoureux.

Son obsession pour cette femme qui pourrait être sa mère l’aveugle jusqu’au point où survient un drame qui scinde sa vie en deux et marque de façon indélébile le reste de son existence.

Pamuk nous force à réfléchir sur la culpabilité et le remords, l’oubli et le ressentiment, les « mystères » de la relation père-fils, en superposant l’histoire de Cem sur celle du mythe d’Œdipe et de la tragédie persane de Rostam et Sohrâb.

Ce grand écrivain turc, lauréat du prix Nobel de littérature, compose une tragédie moderne, envoûtante, au rythme obsédant — par moments harassant à force de ressasser les mêmes pensées ; néanmoins une fable savante sur l’impossibilité d’échapper au destin et sur les étonnantes façons dont nos vies sont imbriquées les unes dans les autres.

★★★½ La femme aux cheveux roux. Orhan Pamuk. Gallimard. 304 pages.