Dans Dîner à Montréal, Philippe Besson signe la magnifique autopsie d’une passion amoureuse.

De passage à Montréal pour faire la promotion de son plus récent roman, Philippe Besson revoit Paul avec qui il a vécu une grande passion au début de la vingtaine, lorsque les deux jeunes hommes étaient étudiants. Une histoire compliquée par le fait que Paul était marié à Isabelle et qu’il n’avait aucune intention de la quitter. La rupture fut déchirante, les deux amants se sont perdus de vue.

Ce n’est pas par hasard si Paul, aujourd’hui père d’un adolescent, se présente à la séance de signature de l’écrivain : il veut savoir si son ex-amant lui en a voulu d’avoir rompu si brusquement.

Les deux hommes s’entendent pour dîner ensemble le soir même. Paul viendra accompagné d’Isabelle, qui est au courant du passé amoureux de son mari, et Philippe sera accompagné d’Antoine, son amant du moment.

Ce ne sera pas une soirée facile : l’atmosphère est tendue, les sous-entendus fusent, et les deux hommes tentent de profiter de chaque bref moment où ils se retrouvent seuls pour faire le bilan de cette histoire qui les a marqués au fer rouge.

Au fond, une seule idée taraude le narrateur, une question qui obsède tous ceux et celles qui ont vécu un amour clandestin : ai-je vraiment compté ? Ou n’ai-je été qu’un divertissement de passage aussitôt oublié ?

Besson est au sommet de son art dans cette autofiction écrite avec un mélange de pudeur et de lucidité. Il excelle à décortiquer le sentiment amoureux, la passion, l’attente, la douleur physique du manque. Et il n’hésite pas à mettre en scène ses doutes et ses insécurités, exacerbées par cette relation qui l’a tant fait souffrir.

Pour apprécier encore davantage ces retrouvailles, mieux vaut lire le roman précédent, Un certain Paul Darrigrand, qui raconte avec tout autant de justesse cet amour de jeunesse.

Tous ceux et celles qui ont déjà vécu un tumulte amoureux se retrouveront dans les mots de Philippe Besson.

★★★★ Dîner à Montréal. Philippe Besson. Julliard. 198 pages.