L'écrivaine française Fred Vargas, qui fut en France le fer de lance des défenseurs de l'ex-activiste d'extrême gauche Cesare Battisti, qui purge en Italie une peine de perpétuité, le pense toujours «innocent» bien qu'il ait reconnu sa responsabilité dans quatre meurtres.

«Mes travaux et recherches (sur l'affaire Battisti) me permettent de maintenir ma conclusion sur son innocence», a déclaré à l'AFP Mme Vargas, qui avait publié en 2004 un livre, La vérité sur Cesare Battisti.

L'écrivaine, auteur de romans policiers, était au début des années 2000 le fer de lance d'intellectuels français de renom, dont le philosophe Bernard-Henri Lévy ou l'écrivain Philippe Sollers, qui soutenaient bec et ongles l'ancien activiste réfugié en France et s'opposaient à son extradition vers l'Italie.

Elle est jusqu'à présent le seul de ses anciens soutiens à s'être exprimée dans la presse depuis les déclarations de Battisti. Sollicité par l'AFP, Bernard-Henri Lévy n'était pas disponible.

Battisti, arrêté en janvier en Bolivie après 40 ans de cavale et extradé vers l'Italie, a pour la première fois reconnu il y a quelques jours sa responsabilité dans quatre meurtres commis à la fin des années 70, pour lesquels il avait été condamné par contumace à perpétuité.

«Je suis absolument contre toute violence. Je ne l'aurais jamais défendu si j'avais pensé qu'il avait tué quelqu'un. On me prend pour une idiote, une crédule, mas je ne me suis pas fait berner», a déclaré Mme Vargas.

«Je n'ai pas clamé son innocence en me basant sur une conviction, mais sur des recherches scientifiques. Je suis chercheur à la base, avant d'être écrivain. Et je maintiens mes conclusions», a-t-elle poursuivi.

Interrogée sur les récentes déclarations de Battisti au procureur de Milan dans lesquelles il a reconnu sa responsabilité dans ces meurtres, Mme Vargas répond: «Je ne connais pas les raisons pour lesquelles il a fait ces déclarations. Je ne dis pas qu'il ment, mais moi je garde ma conclusion», a-t-elle poursuivi.

Après les déclarations de Battisti, le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini avait réclamé des «excuses» aux «pseudo intellectuels de gauche, qui ont pendant des années dorloté ces assassins».

À droite comme à gauche, de nombreux Italiens n'ont jamais compris la protection dont avait bénéficié en France Cesare Battisti, couvert de 1990 à 2004 par la doctrine instaurée par le président socialiste François Mitterrand, qui s'était engagé à n'extrader aucun militant d'extrême gauche acceptant de renoncer à la lutte armée.

Mais en 2004, le gouvernement du président Jacques Chirac avait décidé de mettre fin à la «jurisprudence Mitterrand» et d'extrader Battisti. Celui-ci s'était alors enfui au Brésil.