En Pologne, à la fin des années 30, deux jumeaux grandissent dans un shtetl semblable à tant d’autres, alors que grondent des rumeurs de guerre. Lorsque leur famille est décimée, seul survit Alter.

Il erre dans la campagne environnante jusqu’à ce qu’un prêtre le mette à l’abri. De fil en aiguille, le jeune garçon se retrouve à Lodz auprès de bons samaritains. Mais le mal frappe à tout moment ; déportations, saccages et profanation des lieux de prière deviennent quotidiens.

Esseulé et condamné à l’errance, Alter est « l’orphelin du chaos ». Il se rebelle et refuse de porter l’étoile obligatoire, tandis qu’un homme cherche à regrouper et organiser les Juifs entassés dans le ghetto de Lodz — sous prétexte que le travail les sauvera et les rendra libres. Or, peu à peu, il régente en despote et les conditions de vie du quartier finissent par ressembler à celles des camps.

Privé de toute humanité, l’homme peut-il être autre qu’un monstre ? Hubert Haddad (Palestine, Le peintre d’éventail) répond à la question avec sa plume magnifique, bien qu’il perde trop souvent notre attention à force de digressions narratives — errant lui-même à travers les personnages et l’intrigue. N’empêche, voilà un livre important, magistral, qui montre avec sagesse que même lorsqu’il n’a plus rien, l’être humain fait tout son possible pour survivre.

★★★½

Un monstre et un chaos. Hubert Haddad. Zulma. 368 pages.