Ah, les sagas et autres histoires russes à grand déploiement ! Comme on les aime ! En voici une nouvelle.

Contemporaine, brillante, intelligente, sautillant d’une époque à l’autre, faisant des parallèles entre le passé et le présent. Et écrite par une jeune autrice qui signe ici un premier — et remarquable — roman.

Les années 30. L’héroïne, Florence Fein, croit qu’elle trouvera un meilleur avenir en URSS qu’à Brooklyn. La voilà qui laisse tout derrière elle. « Briser le cœur de sa famille était le prix à payer pour sauver le sien », résume une des premières phrases du livre, donnant le ton au reste.

Le reste ? La désillusion, le quotidien dans la peur du régime stalinien, l’abandon des valeurs personnelles pour sauver sa peau et celle des siens. Des décennies plus tard, lorsque Julian découvre ce qu’a fait sa mère, grâce à l’ouverture récente des archives soviétiques, il tombe des nues. Mais la vie de Julian est-elle si différente de celle de Florence ? Entre les pièges mortels du communisme et ceux d’un néo-capitalisme russe dégageant une odeur de corruption à sept chiffres se dessinent de multiples similitudes.

Après un récit passionnant et quelques passages à vide (rien de surprenant dans une brique de 600 pages), la finale est tout en douceur. Les protagonistes se déposent. Et nous aussi.

★★★½

Les patriotes. Sana Krasikov. Albin Michel. 610 pages