Avec Crève avec moi, Léa Clermont-Dion fait ses premiers pas dans le monde de la fiction.

De l’autofiction, précisons, publiée dans la Collection III (« III pour trois souvenirs ») de Québec Amérique, où l’autrice décline en trois parties des récits inspirés de moments marquants de sa vie. Cela dit, ne vous attendez pas à trouver de détails inédits sur son parcours. C’est plutôt une plongée intimiste, traversée d’une réflexion sur la vie et la mort, qu’offre la jeune femme, nouvellement maman, dans ce court roman.

On y découvre d’abord une adolescente de 14 ans, vivant à Gardenville, le royaume des « snowbirds à moumoute », où les ados désœuvrés boivent des Smirnoff Ice en écoutant du Britney Spears et du Dubmatique – la partie la plus intéressante et dynamique du roman. Sa « best friend » Poupie et elle se promettent de « crever ensemble », mais bien vite, les circonstances de la vie éloignent Poupie de Léa, qui reste malgré tout habitée par son ombre et ses regrets.

Avec une certaine autodérision, quelques pointes d’humour caustique et un regard somme toute lucide sur la société qui l’entoure — empêchant le roman de sombrer trop profondément dans la contemplation du nombril —, l’autrice expose surtout ses obsessions et ses angoisses, révélant un être hypersensible qui, malgré les années, les hautes études à Paris et la maternité, cultive ses contradictions (être ou paraître ?) et reste captive de ses peurs d’enfant, prise de vertige devant le temps qui passe pour ne plus jamais revenir.

★★★

Crève avec moi. Léa Clermont-Dion. Québec Amérique (Collection III). 141 pages