Étudiante au doctorat en études littéraires avec concentration en études féministes, Lucille Ryckebusch livre avec Le sang des pierres un premier roman au sujet assez troublant et pas très jojo, où une rupture amoureuse difficile se superpose à une maladie utérine qui fait que l’héroïne se vide, littéralement, de son sang.

Jeanne raconte ainsi par fragments, et avec une certaine froideur, ses visites à l’hôpital, son sang qui se répand, incontrôlable, l’angoisse qui l’enserre, l’étrangeté grandissante qu’elle ressent face à elle-même, ses enfants, sa vie.

Figée, elle observe les éclats de son existence qui flottent autour d’elle, alors qu’elle s’agrippe à un amour déchu, à qui elle écrit, peut-être, pour éviter de perdre pied pour de bon.

Rythmé, ce court roman nous plonge au cœur d’un théâtre médico-sentimental qu’on suit avec intérêt, jusqu’à une dernière partie ayant pour paysage de fond Cape Cod, qui nous a laissée dubitative, où l’autrice dissèque les restants d’une relation devenue malsaine et aigrie, allant un peu dans tous les sens, alors que rôde sur la plage l’ombre de Virginia Woolf.

Un voyage jusqu’au bout de la douleur non pas pour pardonner, mais, à tout le moins, tenter de laisser aller, en emportant son corps et son cœur sillonnés de cicatrices.

★★★

Le sang des pierres, de Lucille Ryckebusch, Le Quartanier, 136 pages.