Contemporaine, absurde et joyeusement décalée, l’écriture de Philippe Chagnon fait sourire. Le jeune auteur, qui s’est fait remarquer avec ses recueils de poésie, notamment, publie ici son deuxième roman.

La prémisse quelque peu loufoque nous fait basculer dans un monde qui pourrait être le nôtre, mais d’où le sens se dérobe sans cesse. Ici, une simple essoreuse à salade semble être la cause de suites d’événements qui échappent à la volonté des protagonistes : c’est après avoir essoré une salade que le narrateur, qui vit en appartement avec sa blonde, Margot, commence à déménager ses affaires dans le débarras de la cuisine, jusqu’à y vivre complètement, sans presque jamais en sortir.

Son couple, qui bat de l’aile, ne survivra pas à ce retrait du monde auquel s’emploie le narrateur, qui raconte ce qui lui arrive de façon absolument détachée, comme s’il n’était qu’un acteur au sein de sa propre vie.

Jusqu’à l’arrivée dans l’appartement de la mystérieuse artiste peintre Joanie, qui entretiendra des relations sibyllines avec Margot et le narrateur… et viendra prendre la place de Margot. Jusqu’à ce qu’à son tour, elle utilise la fameuse essoreuse à salade…

Le récit, rempli d’apartés et de pointes d’humour (que l’auteur s’amuse à insérer entre parenthèses, au fil du récit, dynamisant ainsi son écriture), est ponctué de chapitres courts qui se lisent d’une traite. Un roman charmant et amusant, et un auteur de la relève à suivre.

★★★

L’essoreuse à salade, de Philippe Chagnon, Hamac, 216 pages.