Le sujet était en or. D’autant plus qu’il s’appuie sur des faits réels. À la suite de la prise de pouvoir de Fidel Castro à Cuba, Lino, un mafieux vivant à Marseille, est envoyé à Cuba, via Montréal, pour assassiner Castro.

Pourquoi ? Parce que la mafia risque de perdre des revenus importants avec la saisie de ses hôtels, casinos, etc. La route de Lino croise toutefois celle de Don Giuliano, alias Julien Casavant, un prêtre ayant à cœur le sort du peuple cubain.

Dès lors, sa vie prend un nouveau sens. Notre mafieux bourru devient un ange. L’écriture s’en ressent instantanément.

Le style fluide et accrocheur du début ainsi que l’aspect thriller s’effacent. Le roman bascule dans un insipide rituel born-again. Il ne se passe plus rien. L’auteur tourne des coins ronds.

Certains passages, comme la réaction de Fidel à sa tentative de meurtre, méritaient d’être mieux approfondis. Une partie de l’action se passe en plus en pleine crise des missiles de Cuba sans qu’on l’aborde. Pourquoi ? Parce que le peuple ne savait pas ?

Après avoir traversé ce ventre mou du roman, ça se remet à chauffer autour de Lino lorsqu’il se rend en Bolivie, où il assiste aux péripéties de Che Guevara qui souhaite étendre la révolution.

Le dénouement, à Montréal, est aussi très intéressant. Malheureusement, entre début et finale, un manque de constance mine le rythme de l’histoire.

★★★ Don Giuliano. Jacques Lanctôt. Libre Expression. 408 pages.