Lauren Groff est incontestablement une des plumes les plus intéressantes de l’heure aux États-Unis. Elle nous avait complètement séduite il y a deux ans avec Les furies, ce roman qui disséquait la vie d’un couple et qui figurait sur la liste des meilleures lectures du président Barack Obama en 2015. Elle nous revient cette fois avec un recueil de nouvelles (son deuxième) qui se déroulent toutes, à l’exception d’une, en Floride. 

On associe souvent cet État du Sud prisé des Québécois à la construction immobilière sauvage, mais la nature est encore très présente et y revendique toujours ses droits.

Cette nature, parfois menaçante, est omniprésente dans les histoires de Lauren Groff : la chaleur étouffante, le grondement des coups de tonnerre, les rafales de pluie, les cyclones capables de tout détruire sur leur passage…

C’est avec une certaine crainte que l’auteure observe les éléments se déchaîner, éléments qui composent la toile de fond sur laquelle l’auteure esquisse 11 histoires mettant principalement en scène des femmes sur la brèche : anxieuses, inquiètes, déstabilisées, parfois prêtes à exploser.

Une mère s’inquiète un soir d’orage alors qu’elle est restée seule à la maison. Une autre abandonne son enfant. Dans la dernière nouvelle, une femme se rend en Normandie accompagnée de ses deux fils pour faire une recherche sur Maupassant. Le voyage, qui se voulait un pèlerinage, voire un hommage, ressemble toutefois à un rendez-vous manqué. 

Dans chaque texte de Floride, les bouleversements de l’environnement font écho aux tourments intérieurs des protagonistes. Et on retrouve dans les femmes imaginées par Groff la même fragilité que dans les personnages féminins de Rachel Cusk : des mères en questionnement, à la recherche d’un équilibre qui semble toujours leur échapper. Avec sa plume sensible et nerveuse, Lauren Groff nous a conquise, encore une fois.

★★★★ Floride. Lauren Groff. Traduit de l’américain par Carine Chichereau. Éditions de l’Olivier. 304 pages.