Quelques suggestions de bandes dessinées à découvrir.

Montréal complètement bédé !

Ce projet mené par la revue Planches et le Festival BD de Montréal a d’abord pris la forme d’une exposition réalisée (il y a deux ans) dans le cadre du 375e anniversaire de la métropole. Dans l’album qui vient de paraître, on trouve 13 histoires illustrées par autant de bédéistes d’ici. Chacune revisite un lieu historique de la ville.

Un court préambule nous met en contexte. Ici, le parc La Fontaine, anciennement un parc d’attractions dans lequel se trouvait le Jardin des merveilles. Là, l’ancien incinérateur des Carrières, à Rosemont ; deux très bons récits illustrés respectivement par Guillaume Perreault et Julien Paré-Sorel.

IMAGE FOURNIE PAR PLANCHES, FBDM

Les Shops Angus, de Cab.

Si certains auteurs se limitent à un survol, d’autres ont de toute évidence approfondi leur sujet. On pense à l’église Sainte-Philomène (Obom), au Palais des nains, lieu insolite de la rue Rachel (magnifiquement mis en images par Célia Marquis), ou encore à la maison close tenue par Rose David dans l’actuel Bar Waverly (Marguerite Sauvage).

On apprécie l’humour de Samuel Cantin qui s’intéresse au premier Québécois à posséder une voiture, Ucal-Henri Dandurand ; et la quête existentielle de Catherine Ocelot dans son exploration du marché Jean-Talon.

Un album qui montre toute l’étendue du talent de nos bédéistes, en plus de nous éclairer sur l’origine de lieux qu’on fréquente quotidiennement sans vraiment les connaître. Les autres artisans de cet album sont Cyril Doisneau (l’Institut des sourdes-muettes), Jeik Dion (la Plaza St-Hubert), Cab (les shops Angus), Saturnome (J.J. Joubert), Boum (le bain Saint-Denis) et Djibril Morissette-Phan (le Jardin botanique).

★★★★ Rues de Montréal. Collectif. Planches, FBDM.

Confidences de salon

IMAGE FOURNIE PAR MICHEL LAFON

Salon Dolorès & Gérard, de Sylvain Cabot

Très belle découverte que ce premier album de Sylvain Cabot, qui nous raconte le quotidien d’un jeune apprenti dans un salon de coiffure.

On nous souffle à l’oreille qu’avant de se lancer dans la bédé, Sylvain Cabot, qui vit à Montréal depuis cinq ans, a travaillé comme coiffeur et même libraire, ceci expliquant cela.

IMAGE FOURNIE PAR MICHEL LAFON

Salon Dolorès & Gérard

Le roman graphique, dessiné avec beaucoup de soin et une magnifique palette de couleurs, s’intéresse à Michel, 19 ans, qui fait ses premiers pas dans le monde du travail.

Il sera initié par ses collègues Carole, Annie et le propriétaire, Gérard. Une initiation à la coiffure, bien sûr, mais aussi, plus sérieusement, à la vie et à l’amour.

Le cadre du salon de coiffure est idéal pour ce genre de récit. Un roman graphique très cinématographique, qui nous rappelle le très bon film Caramel, de Nadine Labaki.

★★★★ Salon Dolorès & Gérard. Sylvain Cabot. Michel Lafon.

Drôles de dames

IMAGE FOURNIE PAR DUPUIS

Mamma mia ! Tome 1. La famille à dames, de Lewis Trondheim et Obion

C’est le nouveau « bébé » du prolifique bédéiste français Lewis Trondheim, qui fait cette fois équipe avec le scénariste Obion.

On avait commencé à suivre (avec plaisir) ses petites histoires qui tiennent en une ou deux planches dans le magazine Spirou.

L’assemblage de l’ensemble de l’œuvre, qui tourne autour d’une famille atypique réunissant sous le même toit quatre générations de femmes (l’arrière-grand-mère, la grand-mère, la mère et sa fille), est une réussite.

IMAGE FOURNIE PAR DUPUIS

Mamma mia ! Tome 1. La famille à dames

Les personnages de Trondheim et d’Obion, irrévérencieux à souhait, sont à la fois vrais et lamentables (parfois). Aurélie est une mère seule qui vient de perdre son emploi. Elle emménage « temporairement » chez sa grand-mère (Marie) avec sa fille Emma.

À ce trio de femmes s’ajoute Sophie, mère quinquagénaire d’Aurélie, qui retontit après des années d’absence.

Les bédéistes puisent dans les aléas du quotidien pour créer des situations franchement loufoques. Un excellent départ pour cette nouvelle série.

★★★★ Mamma Mia ! Tome 1. La famille à dames. Lewis Trondheim et Obion. Dupuis.

Carnet d’observations

IMAGE FOURNIE PAR ÇÀ ET LÀ

True Stories, de Derf Backderf

L’auteur de Punk Rock & Mobile Homes et de Mon ami Dahmer fait paraître ces jours-ci (en français) une sélection des meilleurs dessins de sa série True Stories, qu’il a publiés dans les journaux américains sous forme de strips pendant 25 ans.

Toutes ces histoires de Derf Backderf sont réputées être vraies (d’où le titre !). Dans ces petites scènes d’observation du quotidien, on croise (avec bonheur et effroi !) toute une faune de gens ordinaires de Cleveland, en Ohio.

IMAGE FOURNIE PAR ÇÀ ET LÀ

True Stories

Des échanges captés ici dans un stand à journaux, là dans un café ou dans un bureau et dans une foule de scènes de rue, avec des sans-abri, de petits trafiquants de drogue ou simplement des passants.

Toutes les histoires ne se valent pas, mais sur les quelque 200 pages, il y a des perles. On est aussi témoin du style de Backderf, qui a fait les beaux jours de la bédé underground.

Ses dessins en noir et blanc psychédéliques cèdent le pas à des traits plus réalistes, même si on reste dans le cartoon loufoque, à la manière d’Aislin (The Gazette). Un très bel ouvrage.

★★★½ True Stories. Derf Backderf. Ça et Là.