Nombreux sont les écrivains qui gagnent leur vie comme professeurs. Est-ce que cela influe sur leur vie d'auteurs? Comment voient-ils leur travail de prof? Qu'en pensent leurs élèves? Virginie Blanchette-Doucet a reçu La Presse dans son cours de Littérature québécoise au collège Ellis de Drummondville.

L'établissement

Le collège Ellis de Drummondville est un établissement privé proposant une dizaine de programmes, dont soins infirmiers, techniques policières, techniques juridiques et techniques d'éducation spécialisée. Les élèves doivent suivre des cours de littérature comme dans n'importe quel cégep. Ce collège est situé dans un ancien couvent dont les fenêtres ont des embrasures à angle.

L'auteure

Après un premier roman qui était en lice pour le prix du Gouverneur général l'an dernier, 117 Nord, Virginie Blanchette-Doucet a écrit quelques chapitres de son deuxième livre. «J'ai pas mal de matériel écrit.

«Comme je donne des cours tous les jours en ce moment, je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire, mais je prends des notes. J'en parlais à mon éditeur et on se disait qu'enseigner était une bonne chose pour me donner le désir d'écrire. Quand j'ai un peu de temps, je n'ai pas le choix que d'écrire. Pas question de syndrome de la page blanche.»

Le parcours

Après une maîtrise en littérature à l'UQAM, Virginie Blanchette-Doucet s'est rendu compte qu'elle aimait transmettre ses connaissances. «J'ai senti qu'il y avait dans l'enseignement quelque chose pour moi. J'ai fait de la francisation, ce qui m'a appris à expliquer les règles de français de façon simple. Ça m'aide même dans l'écriture. J'ai enseigné au cégep de Saint-Hyacinthe et, maintenant, ici. J'ai donné tous les cours de littérature qu'il y a au cégep. Pas le choix, c'est la précarité dans le domaine.» 

La prof

Dans cette classe composée de 37 élèves - surtout masculins - en techniques policières, Virginie Blanchette-Doucet avoue qu'on la «teste parfois un peu, comme [elle est] jeune, mais ça ne [la] dérange pas du tout». Ce jour-là, la jeune enseignante aborde des sujets avec un angle féministe et des auteures comme Nelly Arcan et Vickie Gendreau. Elle relance constamment les élèves en leur demandant leur opinion, qu'ils donnent sans trop se faire prier. 

Le cours

Le cours auquel La Presse a assisté est celui de Littérature québécoise, dans lequel Virginie Blanchette-Doucet aime traiter des inégalités sociales envers certains groupes de la population. «On ne voit pas juste la littérature comme objet textuel. Elle est imbriquée dans le contexte social. Je trouve qu'il manque des bagages historique et politique aux étudiants.» Durant la session, l'enseignante part des origines avant d'aborder des oeuvres plus récentes comme Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel et L'orangeraie de Larry Tremblay.

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS DU BORÉAL

117 Nord