Lauréat du prix Femina pour Le garçon, l'écrivain français Marcus Malte pourrait accoler à ce titre le Prix des libraires du Québec si son roman, finaliste dans la catégorie hors Québec, l'emporte le 8 mai. De passage au pays pour la première fois, il participe entre-temps à trois rencontres au festival littéraire Metropolis bleu, qui se tient cette semaine à Montréal.

« Qui, ici, me connaissait avant Le garçon ? », demande Marcus Malte aux lecteurs venus le rencontrer dimanche le temps d'une discussion à la librairie Gallimard, boulevard Saint-Laurent, à l'occasion de la Journée mondiale du livre.

Devant la main timide qui se lève, l'écrivain est tout sourire, amusé de voir qu'au Québec comme en France, beaucoup de lecteurs l'ont découvert avec Le garçon, qui a reçu contre toute attente, en octobre dernier, le prestigieux prix Femina.

Puis, en février, son roman a été choisi par les libraires québécois pour figurer parmi les cinq meilleurs titres étrangers de l'année.

« J'espère, en tous cas, que ça permettra aux lecteurs d'aller lire ce que j'ai écrit avant », souhaite-t-il.

Car il faut dire que Marcus Malte n'en est pas à ses balbutiements littéraires. Son premier roman a été publié en 1996. Depuis, il a écrit des livres jeunesse, un grand nombre de nouvelles, des polars ainsi que des romans noirs. Notamment le très récompensé Garden of love, publié en 2007 chez Zulma.

Avec Le garçon, l'écrivain admet avoir voulu changer de registre - de registre de langue, en particulier. « J'écris des choses assez variées, j'essaie de ne pas me répéter. Jusqu'à présent, j'avais surtout raconté des histoires contemporaines et urbaines. »

« J'avais envie de m'attaquer à une autre tonalité et l'écriture devait s'adapter au fait que l'histoire se passe il y a 100 ans. Tous les mots et les expressions que j'ai utilisés dans le roman existaient avant 1930. »

- Marcus Malte

Dans ce roman impressionnant qui mêle aventure, amour, histoire et apprentissage sur plus de 500 pages, le lecteur suit le parcours d'un garçon quasi sauvage qui, à la mort de sa mère, part en quête d'humanité pour tenter de devenir un être « prétendument civilisé », souligne Marcus Malte.

« Qu'est-ce qu'un être civilisé au fond ? », demande l'écrivain qui fait vivre, entre autres, la barbarie de la Première Guerre mondiale à son « garçon ».

L'importance d'un nom

Dès le préambule du roman, Marcus Malte s'impose la contrainte que son personnage n'aura pas de nom. « Sans aucune borne qui le délimite, le mette dans des rails, l'enferme dès la naissance... Je voulais qu'il soit quasiment vierge, qu'il garde cette forme de liberté qui est assez proche de l'animal », explique l'auteur.

L'écrivain est lui-même un personnage aux multiples facettes. Le nom « Marcus Malte » n'est nul autre qu'un pseudonyme. Choisi pour se détacher de la personne qui écrit, dit-il, pour séparer celui qui écrit de celui « qui vit ».

Il se décrit par ailleurs comme un « musicien raté », qui rythme ses textes comme on compose une ballade de jazz.

« Dans tous mes romans, il y a un rapport flagrant avec la musique. Mais Les harmoniques [paru chez Gallimard en 2011] est le livre où je me suis le plus rapproché de cette composition musicale. »

Dans l'écriture comme dans le jazz, il aime improviser, sans jamais revenir en arrière en ce qui concerne les faits. « C'est comme la vie ; on ne peut pas changer le cours des choses après coup. »

La langue, elle, est rigoureusement soignée, même dans ses polars. Marcus Malte admet écrire laborieusement, difficilement, ce qui explique qu'il ait mis cinq ans à terminer Le garçon.

Quand on l'interroge sur son prochain roman, il élude la question, affirmant n'avoir eu ni le temps ni la volonté de se pencher là-dessus pour l'instant. En attendant, on peut toujours partir à la découverte de ses romans précédents, notamment La part des chiens qui, murmure-t-il après une longue hésitation, pourrait bien être celui qu'il préfère.

Marcus Malte participera à des discussions au festival Metropolis bleu les 27, 28 et 29 avril.

Image fournie par les éditions Zulma

Le Garçon, de Marcus Malte. 544 pages.