L'histoire est trop belle pour qu'on ne la raconte pas: sait-on que c'est en français, truffé certes d'italianismes, mais en français tout de même, que le célébrissime violoniste-aventurier-magicien-écrivain-mathématicien-diplomate-bibliothécaire-séducteur-etc. Casanova a écrit ses Mémoires, de 1790 à 1797? Or, ce n'est qu'en 2010 que le manuscrit original en a été racheté par la Bibliothèque nationale de France, afin de nous les donner à lire tels que pensés, structurés et rédigés par l'érudit Vénitien.

Auparavant, les éditions des Mémoires de Casanova avaient été établies à partir d'une traduction allemande (!) adaptée en français, dont certains éléments avaient été censurés au nom de la moralité, tronqués, remaniés ou carrément réécrits par son traducteur, qui ne partageait pas les mêmes vues politiques que l'auteur!

Tout cela est chose du passé, puisque non pas une mais bien deux grandes maisons d'édition françaises font chacune paraître le premier des trois tomes des mémoires de ce «nouveau Casanova», sous le titre Histoire de ma vie. La Pléiade/Gallimard et et la collection Bouquins/Robert Laffont ont toutes deux travaillé à partir de la version autographe de 3682 pages, mais chaque maison avec ses propres experts. Au Québec, pour le moment, seul l'ouvrage édité par La Pléiade est actuellement en librairie, avec force notes, commentaires, notices et mises en contexte.

De quoi apprécier autrement le comédien John Malkovich incarnant un Casanova plus «classique» dans The Giacomo Variations, opéra-théâtre présenté les 4 et 5 juin à la Place des Arts. Comme quoi, né en 1725 et mort en 1798, Casanova est finalement très, très XXIe siècle...