L'Ukraine et la Russie ont marqué mercredi le 200e anniversaire de l'écrivain russe Nicolas Gogol, né en Ukraine, profitant de l'occasion pour se disputer la paternité de l'auteur, alors que les relations entre les deux pays sont souvent tendues.

«On prend une scie et on partage Gogol», ironise l'édition ukrainienne du quotidien populaire russe Komsomolskaïa Pravda, qui a publié un portrait de l'écrivain dont la chevelure a été peinte d'un côté en blanc, rouge et bleu, couleurs de la Russie, et de l'autre en bleu et jaune, comme le drapeau ukrainien.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko s'est rendu mercredi dans le musée Gogol dans la région de Poltava, au centre du pays, pour rendre hommage à l'écrivain.

«Je considère comme insensées et en quelque sorte humiliantes toutes les disputes sur son appartenance. Sans aucun doute, il appartient à l'Ukraine. Et son oeuvre appartient à la culture mondiale mais aussi sans aucun doute russe», a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Interfax.

Selon une source proche de la présidence, le chef de l'État, considéré par ses détracteurs comme un nationaliste, n'a pas prononcé une phrase qui était pourtant prévue dans le discours: «Sans aucun doute, il appartient à la Russie».

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a, lui, souligné mercredi que l'oeuvre de «ce remarquable écrivain russe (...) liait de manière indissoluble deux peuples frères, le russe et l'ukrainien», a rapporté Interfax.

Le journal officiel russe Rossiïskaïa Gazeta a pour sa part publié une entrevue d'un expert de Gogol, Iouri Mann. «Personne ne nie le fait que Gogol adorait l'Ukraine (...) Néanmoins Gogol est bien sûr un écrivain russe. Il se considérait comme tel lui-même», notait le spécialiste.

Reconnu comme l'un des maîtres de la littérature russe et mondiale, Nicolas Gogol a dépeint les traditions populaires ukrainiennes et la vie de la société russe du 19e siècle. Après avoir vécu longtemps en Russie, il est décédé à Moscou en 1852.