L'écrivain Milan Kundera réclame des excuses au magazine tchèque qui a publié des allégations l'accusant d'avoir été en 1950 un informateur du régime communiste tchécoslovaque, a annoncé son représentant mercredi.

L'hebdomadaire Respekt a reçu une lettre le 16 octobre lui demandant de présenter des excuses, a indiqué Jiri Srstka, directeur de l'agence Dilia, qui représente Kundera en République tchèque. «Nous n'avons pas encore eu de retour», a-t-il souligné. 

M. Srstka précise que si le journal ne s'exécute pas, l'écrivain le poursuivra en justice. Selon le rédacteur en chef de la publication Martin Simecka, cité par l'agence de presse tchèque CTK, la demande de Kundera est examinée par des avocats et le magazine ne souhaite pas faire de commentaire pour le moment.

Le 13 octobre, Respekt avait publié un article rédigé par un historien de l'Institut pour l'étude des régimes totalitaires et co-signé par un journaliste du magazine. L'article évoquait la découverte d'un document de la défunte police communiste tchécoslovaque identifiant Kundera comme la personne qui en 1950 avait fourni des renseignements sur un homme par la suite emprisonné 14 ans.

Cet homme, il s'agirait d'un certain Miroslav Dvoracek, recruté en Allemagne par le réseau de renseignement des émigrés tchèques pour espionner le régime communiste, selon l'institut, qui a publié sur son site web le document censé accuser Kundera.

D'ordinaire reclus, l'auteur de La Plaisanterie et de L'Insoutenable légèreté de l'être avait été prompt à réagir, rejetant en bloc cette accusation. Je ne connaissais pas du tout cet homme, avait-il déclaré, accusant l'institut et les médias de «l'assassinat d'un auteur».

Kundera avait rejoint le Parti communiste tchécoslovaque lorsqu'il était étudiant, mais en avait été exclu pour l'avoir critiqué. Âgé de 79 ans, l'écrivain vit en France depuis 1975. Il a obtenu la nationalité française en 1981.

La collaboration avec le régime communiste était très courante en Tchécoslovaquie. Après la Révolution de velours, le République tchèque avait été l'un des premiers pays ex-communistes à rendre public le nom des anciens informateurs à partir de 1991.