Le prestigieux prix littéraire britannique, le Man Booker Prize, est allé mardi à Aravind Adiga, auteur du Tigre blanc.

Le roman, qui dresse avec un humour féroce salué par le jury le portrait sans concessions d'une Inde multiforme, met en scène un héros prêt à tout pour échapper à la pauvreté de son village et réussir à la ville. 

À 34 ans, le journaliste Aravind Adiga, dont Le Tigre Blanc est le premier roman, était le plus jeune des finalistes du Booker, qui récompense un auteur de Grande-Bretagne, du Commonwealth ou d'Irlande.

Adiga, né à Madras et qui vit aujourd'hui à Bombay, devient le cinquième auteur indien ou d'origine indienne à décrocher le Booker, après VS Naipaul, Salman Rushdie, Arundhati Roy et Kiran Desai. Il fait également comme Arundhati Roy, qui avait elle aussi décroché le Booker avec un premier roman, Le Dieu des petits riens, en 1997.

L'auteur, qui a fait ses études à Columbia et Oxford, a été correspondant en Inde du magazine Time. Il a également écrit dans d'autres journaux britanniques comme le Financial Times, l'Independent ou le Sunday Times.

«Le roman s'attaque à la tâche extraordinairement difficile d'attirer et de garder la sympathie du lecteur pour un scélérat complet. Il arrive également à aborder des thèmes sociaux graves et des questions mondiales importantes avec un humour étonnant», a estimé le jury.

Le président du jury, Michael Portillo, a qualifié ce roman d'impressionnant. «Par certains aspects, il est parfait. Il est vraiment difficile de lui trouver des erreurs structurelles.»

Ses détracteurs reprochent à Adiga d'avoir dépeint sous les couleurs les plus négatives l'Inde moderne et son immense population défavorisée, mais l'écrivain se défend en disant vouloir aborder tous les aspects d'une société en pleine ébullition.

«Ce n'est pas un livre destiné à se faire bien voir auprès de qui que ce soit», déclarait-il à la BBC avant l'annonce du prix. «Le ton se voulait provocateur, voire parfois un peu désagréable. Ca vise à faire réfléchir les gens.»